Combats quotidiens

Il est de ces moments ou l'on se rend compte
Que la vie n'est pas un long fleuve tranquille
Mais plûtot une sorte de sadique décompte
Plus question de faire des caprices puérils

Comme cette femme née dans la misère
Vendant son corps pour s'acheter du crack
Une petite dose pour oublier ses galères
Oublier que ses démons la traquent

Ou cette petite fille, qui, à neuf ans
A déjà les yeux grands ouverts sur le monde
Orpheline et seule, abandonnée par ses parents
Ses yeux révèlent sa sagesse profonde

Martin, ado homosexuel qui s'assume
Se promène dans la rue avec son copain
Les passants disent que c'est malsain
Il lutte pour ne pas répliquer, ça le consumme

Et Julie, qui à 8 ans fumait sa clope
A 11 ans offrait son corps à un homme mur
Se piquait à 12 ans, 14 ans elle était en cloque
17 ans foncait dans le mur avec sa voiture

Comme l'homme qui se retrouve au chomage
Parce qu'à l'usine, ils préfèrent les jeunes
Et son patron qui lui dit que c'est dommage
Ne pense pas à cette famille dorénavant sans le sou

Ou cet homme qui est différent
Parce que sa peau est brune et qu'on est blancs
Qui subis chaque jour les discriminations
Au visage de qui on crache sans raison

Les combats sont des batailles ou des duels
Ce genre de mesure est assez relative
Mais ça n'en reste pas moins une lutte perpetuelle
Ceux qui s'écroulent n'ont pas l'âme combative

Peu importe que celui-ci se batte pour sa survie
Que celui-là tienne à garder sa liberté
Que celle-ci reste droite malgré le viol subi
Ou qu'elle défie celui qui a volé sa dignité

Se battre quotidiennement pour garder la tête droite
Ne pas s'écrouler, rester debout, même si on boite
Si c'est dur on respire un coup et on y retourne
Esperant qu'un jour enfin la roue tourne