Comme le mien

aile68

Fiction amoureuse

Il avait le visage un peu brut, les traits rudes mais une voix des plus douces avec cet accent américain qui fait rêver. Il chantait dans les bals et les mariages, j'aurais voulu qu'il vienne au mien, en tant que garçon d'honneur et beau chanteur. Ses ballades entraînaient les filles dans des contrées où l'amour était sentimental, il chantait les ruptures et la nostalgie, j'aurais voulu le connaître mieux. Il m'aimait bien mais y a que moi qui ressentais ce désir insupportable, si douloureux! Ce n'était pas un caprice de midinette, hélas! Mon coeur était déjà pris . Comme tant de filles j'aurais voulu le suivre dans ses voyages, j'ai failli le dire à mon futur époux, les bans étaient publiés, j'allais choisir ma robe de mariée. J'aimais le garçon qui m'était promis, il m'assurait la sécurité et son amour, l'autre ce n'était qu'un béguin, une toquade, le rêve américain sur un plateau! C'était le cousin de ma meilleure amie, la tentation à portée de main, j'ai résisté, en fait je l'ai évité tout bonnement. C'est avec un grand soulagement que j'appris qu'il était parti un matin, mais pour moi c'est comme si j'avais été infidèle à l'homme que j'aimais. Comment le regarder dans les yeux, il avait bien senti que quelque chose n'allait pas. La discussion que nous eûmes fut des plus atroces pour lui comme pour moi. J'ai beaucoup pleuré, j'ai tout craché comme un mauvais chewing-gum au goût amer. Bruno mon fiancé fut peiné, blessé dans son amour-propre,  tout fut suspendu, la robe, le traiteur, la salle, la préparation des bonbonnières, j'ai même cru que tout allait être annulé. Il refusa de me voir pendant trois jours, une semaine, trois mois. Karine ma meilleure amie sauva notre couple! Elle lui parla, lui dit que son cousin n'avait pas été intéressé, qu'il avait eu une brève liaison avec une de ses amies pendant son séjour en France. Il ne se souvenait même pas de moi. Bruno eut du mal à la croire. Un soir pendant que j'étais en train de me morfondre dans un coin comme d'habitude, il m'appela.

"Bonsoir Sonia. Comment vas-tu? dit-il sur un ton affecté.

Je mentis:

- Bien. Qu'est-ce qui me vaut l'honneur?"

Nous parlâmes, et parlâmes pendant une heure. J'étais sur mes gardes, évidemment, mon coeur battait la chamade.

" Ecoute, nous devrions nous voir, tout reprendre à zéro. me dit-il dans un souffle pénible.

- Oui je suis d'accord je répondis le coeur un peu plus léger.

Les rencontres avec lui furent au début un peu difficiles, nous devions nous apprivoiser à nouveau. Chose que nous fîmes de jour en jour jusqu'à ce que nous nous tombâmes dans les bras, entre rires et larmes. On ne parla plus mariage, notre relation avait pris un tour nouveau, nous étions entre une réserve polie et une complicité respectueuse. Cela dura un an. Au cours de la deuxième année un soir de printemps, les bourgeons dans les parcs étaient devenus fleurs du Japon, il me tendit une jolie boîte couleur de la passion. Je l'ouvris, il y avait à l'intérieur une orchidée superbe, ma fleur préférée et une feuille roulée sur elle-même. A l'intérieur, l'écriture penchée de Bruno et une phrase:

"Ppour le temps rattrapé ensemble"

Là, il m'embrassa pour la première fois depuis notre réconciliation, quelque chose me disait que son coeur souriait, heureux et apaisé tout comme le mien.

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