Comme les cinq doigts de la main

coc0_nuts

Texte écrit durant les vacances de noël 2014 en observant mes quatre frères et soeurs. Nous sommes comme les cinq doigts d'une main, cependant....

 Tout le monde est tellement persuadé de l'union inébranlable qui existe entre l'auriculaire, l'annulaire, le majeur, l'index et le pouce…

Détrompez-vous, cette doxa qui défend l'amour indéfectible entre ces frères siamois n'est que chimère.

Premiers témoins de leurs relations complexes, je leur laisse la parole:

Le pouce: "C'est moi, je suis la sagesse incarnée! Champion quand il le faut, je donne mon aval. Juge sans aucune concession, la tête en bas: je désapprouve. C'est souvent le cas avec cet index qui fourre toujours le bout de son extrémité dans le nez des gens. Ces ingérences au sein des affaires répugnantes des individus me désole. À mon frère l'index et son hygiène douteuse, je suis la tête à l'envers."

L'index: "C'est moi! Je suis celui qui voit tout. Comparable au fétiche sur le toit de la case de Karaba, rien ne m'échappe. Lorsque je pointe le bout de ma tête vers ceci ou cela, il s'agit de l'aboutissement d'une traitrise pour certains… En ce qui me concerne, je fais mon job de policier-gendarme, toujours au rendez-vous, méfiez-vous de mon humeur accusatrice. J'accomplis ma destinée. Pourtant, le seul que je ne peux dénoncer est mon voisin de frère. Le majeur et son impolitesse sans borne, qui n'a d'égal que son ego, que je ne cesse de déplorer, nous apporte tous les ennuis du monde…"

Le majeur: "C'est moi le patron incontestable, ma place est celle du trône de l'aîné. Je suis le plus grand, le plus fort, le plus courageux… Il est vrai que lorsque je communique, à ma façon, cela engendre presque instantanément la panique à la maison: tous recroquevillés, le poing part à une vitesse ainsi qu'à une force sans égale. Certes, la convalescence qui s'ensuit ne me rend pas justice, mais qu'importe! Par contre, pour ce qui est de mon frère l'annulaire, son contact froid d'acier me dérange. Constamment emprisonné au sein de cette prison luxueuse, il me fait de la peine. À quand sa liberté?"

L'annulaire: "C'est moi, le symbole de la fidélité. Je porte avec fierté le signe de l'amour indéfectible qui unit mon propriétaire ainsi que sa moitié. En argent, en or ou en toc, l'important réside dans l'éternité de ce sentiment dont je suis le premier témoin. Je suis la star du jour J, durant lequel on m'habille de ce gadget romantique. On ne peut pas en dire autant de mon petit frère l'auriculaire, pas très bavard ni très affable, il passerait presque inaperçu s'il n'était éclairé par mon aura incroyable."

L'auriculaire: "C'est moi, le benjamin de la bande, le plus réservé. Je préfère faire dans la discrétion. Ma pudeur et ma réserve sans égale s'expliquent par le fait que j'ai prêté serment. Je suis le gardien du secret, celui de la promesse de me taire à jamais lorsque je croise le fer avec l'un de mes jumeaux. La sobriété est de ce fait mon crédo. Je ne pourrais pas en dire autant de mon ostentatoire de frère que je vois au loin: le pouce. Mais, chut, c'est aussi un secret…"


Légende urbaine ou pas légende urbaine?


Rouen, 22 décembre 2014

  • Un plaisir pour moi de vous lire... une très originale vision de la fratrie.

    · Il y a presque 9 ans ·
    B

    yseult

    • Merci, je me suis inspirée de ma fratrie. C'est gentil.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Img 1928

      coc0_nuts

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