Comment peut-on aimer à ce point?

little-wing

Brûlant. Intense. Fragile. C’est comme vouloir préserver une flamme au creux de ses mains. J’imagine un violon, au rythme joueur, lent, c’est une valse, une triste valse. Tragique mais l’amour retranscris transforme ce qui devrait être une douce folie en un épanouissement fougueux. Amoureux.
            Il n’y a aucune lumière, autre que cette flamme à demi-cachée par ces mains. Un visage en clair obscur, la tête baissée comme pour sentir une fleur. Des lèvres douces. Un nez taquin. Les paupières roses closes. Des mèches folles qui se sont égarées sur le front. Un sourire discret, porte d’un secret mi-dangereux, mi-délicieux. Une révérence, les gestes délicats. Le souffle caresse la peau. La flamme vacille. S’intensifie. Se loge dans deux cœurs.
            Le feu embrase ces corps. Passion ardente. Les yeux dans les yeux, s’aimer. Avec pour seul témoin, cette petite flamme. Assouvir ses désirs dans les coulisses, personne ne doit savoir. L’on s’aime dans le noir.
            Les notes aigues du violon. Une plainte d’un amour de plus en plus grand. Mais le feu, s’il est fort, peut tout aussi être destructeur. La jalousie.
            L’on se veut mais on doit faire attention. Continuer de vivre comme si de rien n’était parmi ces autres hommes, ces autres femmes, ces potentiels tentateurs. Faire comme si ces gens-là continuais de nous intéresser alors que notre corps tout entier réclame sa moitié. Jeu de regards, s’approcher puis s’éloigner, des sourires, des frôlements accidentels voulus, prendre des risques. Se retrouver dans l’alcôve sombre du foyer amoureux.
            Jalousie brûle. L’on se meurt de devoir se séparer pour on ne sait combien de temps, mais l’attente est à chaque fois trop longue. La flamme dévore. La colère gronde. Les larmes coulent comme de la lave en fusion. Le pardon en une voix suppliante. On aime, on a besoin de l’autre. Comment continuer à aimer aussi fort dans le secret ? Comment continuer à vivre quand l’on se sépare ? Comment ne pas mourir dans ce brasier ?
            C’est comme vouloir préserver une flamme au creux de ses mains. Vouloir la protéger du vent, de la pluie et d’une autre lumière qui l’éclipserait, vouloir la faire grandir dans sa paume, pouvoir l’aimer sans retenu et sans avoir à la partager avec quiconque. Mais cela est si fragile que le moindre souffle, même sa propre respiration, peut avoir raison d’elle.
            J’entends un violon. Son écho me parvient dans l’obscurité. Il résonne, mais si faiblement… Ce temps-là, pour moi, est révolu. Ne me reste que le souvenir d’avoir aimer si fort, si intensément, si passionnément, que je crois encore avoir vécu un rêve.
            Oui, c’est cela, ça ne pouvait qu’être un rêve. L’ange que j’ai aimé, et que j’ai perdu, ne pouvait exister dans ce monde. C’est pour ça qu’il est reparti là où est sa place.
            Peut-on aimer un rêve ?
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