Concerto et musique classique

deuxoutroismots

ELLE est là, elle a envie d’écrire. Elle voudrait trouver l’inspiration, comme ça, en claquant des doigts… Tout est prêt, tout est devant elle. Elle a déposée un paquet de clopes, sur la table, une bouteille d’eau devant elle, posé les écouteurs qui diffusent les musiques qu’elle aime, et le PC sur les genoux… Attention, elle ne pourra plus bouger, elle va poser des mots, sur la page – elle ne pourra plus bouger, ses genoux sont devenus table et quelque soit les frémissement que l’écriture procurera, elle ne bougera pas.

Le regard dans le vague, la machine va se mettre en branle. Lentement, elle caressera les mots, les apprivoisera, les adoptera, les fera rouler sous ses doigts.

« ferme les yeux » se dit elle. Quelle est l’image qui t’apparait ? Là, maintenant, jette le mot, vas y.

Une voiture ? Une voiture, oui. Elle roule ? Non, mais il fait nuit. Les phares sont allumés. Des protagonistes ? Pas encore, elle ne les voit pas. De la fumée de cigarette s’échappe de la vitre entre ouverte. Il fait froid ? Certainement, c’est l’hiver. Elle commence à voir une silhouette. Une veste plutôt. Une veste marron, de la fourrure, des talons – talons hauts – une jupe, oui une jupe.

Ce n’est pas elle qui fume dans la voiture, elle, elle est dehors… La voiture s’en va. Elle attend un taxi. Elle prend son téléphone, elle appelle et le commande. Il arrivera dans 5 minutes, le temps de s’en griller une. Un vent léger mais frais se lève, elle resserre sa veste et relève son col. Elle écrase sa cigarette, le taxi arrive.

Où va-t-elle ? Aucune idée… Elle s’installe, à l’arrière, à la place du milieu, elle aime bien pouvoir regarder dans le rétro intérieur. Les sièges sont en cuir, froid. A la radio, une station, elle croit reconnaître France Musique, Peer Gynt, oui, c’est ça, c’est la suite n°2. Il a bon goût ce chauffeur de taxi. On se fait très souvent des idées, de mauvaises idées des chauffeurs de taxi, le cliché, pas très cultivé, conversation « café du commerce » et des goûts musicaux, du style Radio Nostalgie… Ah ! C’est fou, comme il est facile d’enfermer les gens dans des cases, des cages.

Elle lui demande s’il peut monter le son – ce qu’il fait. Avant de la prendre dans son véhicule, il écoutait la musique assez fort, ça lui permet de faire totalement abstraction du monde extérieur et de tenir toute la nuit pour ses courses.

Il ne l’a pas vraiment regardé lorsqu’elle est monté. Mais le fait qu’elle apprécie cette musique, lui donne envie de la connaître. L’histoire de sa course, quelques minutes, une demi heure tout au plus. Il regarde dans son rétro, ça tombe bien, elle est pile poil au milieu. Quand elle lui a parlé, il a remarqué sa voix, une jolie voix, sensuelle, douce, un peu timide. Et là, il croise son regard. Pas pour longtemps, elle ferme les yeux. L’Adagio de Mozart, maintenant. Elle le savoure, il s’imagine à ses côtés, appréciant, lui aussi, cet air apaisant.

Il imagine. Ils sont côte à côte. Leurs mains s’effleurent. Elle ne se dégage pas pour autant, bien au contraire, elle la rapproche. Il attrape délicatement sa main. La presse légèrement. Elle le conforte dans son geste. La musique est toujours là, elle les entoure, elle les frôle. Elle les caresse. Les yeux toujours fermés, c’est bientôt leurs bras qui se touchent. Leurs corps se resserrent. Leurs poitrines sont face à face et tenant sa main, elle va chercher son bras et le pose sur sa cuisse. Il se laisse faire, il apprécie, son souffle commence à s’accélerer. Il approche son visage du sien, il pose un baiser sur son front, sur ses yeux et enfin, sur ses lèvres. Leurs bouches se cherchent, se mêlent, s’ouvrent, leurs languent se découvrent, se goûtent. Un baiser si doux et pourtant si puissant que le désir monte déjà.

Sa main remonte le long de sa cuisse, se glisse sous sa jupe. Elle desserre ses cuisses en lui intimant l’ordre de ne pas se faire trop long. Elle porte des bas, il peut sentir la fin de son bas et le début de sa peau. Elle frissonne. Sa main remonte encore jusqu’à son slip. Une chaleur la saisit, il le sent. Il s’introduit, y glisse un puis deux doigts. Elle s’écarte encore un peu plus.

Elle a posé sa main sur son pantalon, elle défait sa ceinture et le bouton de son pantalon et fait glisser la fermeture éclair. Sa main, sur son caleçon, caresse ce morceau d’homme qui durcit et lui promet un moment d’oubli. Elle le tient dans sa main et commence à le parcourir de bas en haut.

Il lui caresse la nuque, le cou et descend jusqu’à ses seins, il les caresse, les presse un peu – il semble œuvrer au ryhtme de la musique, Chopin, prélude opus 28, lent mais précis. Il savoure cet instant, elle l’accompagne. C’est un air qui parait triste et un souffle d’espoir, par moment, fait place à l’ombre. Ils s’embrassent de plus belle, comme s’ils cherchaient un nouveau souffle.

Il fait remonter sa main dans ses cheveux, elle s’incline. Pose un baiser sur son gland qu’elle sent brûlant et gorgé d’envie. Il balance sa tête en arrière et se laisse engloutir. Sa bouche est chaude et profonde. Experte est cette caresse. Un concerto, entier, de Chopin, ou alors le temps a semblé s’arrêter. Elle le sent vibrer dans sa bouche, bouillir de désir. Il lui fait comprendre de se relever. Il se recule un peu, se décale, afin qu’elle allonge ses jambes. Il enfouit sa tête dans sa poitrine, elle porte un chemisier qu’il a déboutonné et pose des baisers sur ses seins. Sa langue, brûlante, lèche ses seins. Sa bouche suce ses seins. Elle émet de discrets gémissements. Il la mordille doucement. Elle sursaute à chaque fois que ses dents se referment.

Ses doigts, de nouveau dans son slip, la fouillent. Elle mouille. Il décolle sa bouche de sa poitrine et vient accompagner ses doigts. Il la lèche, il la boit. Elle s’ouvre encore. Elle s’abandonne entièrement. La musique la transporte en même temps que ses doigts et que sa bouche.

Il sent son sexe durcir plus encore, il sent son sexe pulser, en vie, individu à part entière. Elle part. Elle s’imagine voguer sur une partition. Elle s’est transformée en notes de musique qui courent sur la partition. Au rythme de cet homme, de ses doigts, de sa bouche, de sa langue.

Elle va jouir, lui aussi. La Valse, opus 64 de Chopin – encore lui. C’est vivant, joyeux, festif et empreint de malice. Il sent qu’elle vient sous sa langue. Elle tient, dans sa main, son sexe, le branle, il va exploser. C’est l’effusion. C’est une sérénade. Une ballade qu’ils ont fait chacun dans leur esprit. La course va se terminer. C’est la voix du GPS qui les enlèvent à leur fantaisie. Elle est arrivée. La chaleur, dans la voiture, a posé de la buée plein des vitres. Le concerto de Chopin est terminé. Elle lui règle sa course, les yeux brillants et le visage empourpré. Elle lui sourit, lui aussi. « bonsoir et merci » et sort du taxi. C’est l’été de Vivaldi qui commence.

Signaler ce texte