Lunii

maelle

Pour un concours de nouvelle

C'est l'été et il fait chaud. Elenê joue dans le jardin, avec ses peluches, ses poupées et le ballon de football. Elle s'amuse bien, et ses jouets attirent toute son attention. Jusqu'à ce qu'une échelle arrive dans le jardin. Une échelle, faite de bois et de corde, toute simple ; une échelle volante. Cette dernière flotte dans les airs, le bas ne touche pas le sol et le haut semble se perdre dans les nuages. Elle se déplace lentement.

Elenê se relève. Il n'y a personne à la maison. Alors elle lâche son zèbre en mousse et s'en approche. L'échelle s'éloigne doucement. La petite fille grimpe dessus, juste pour essayer. C'est drôle de ne plus toucher le sol, de n'avoir plus aucun lien avec la terre. Elenê décide alors de monter tout en haut, pour voir ce qui s'y cache. Et s'il n'y a rien, la jeune fille redescendra. Elenê grimpe, elle dépasse sa haie, elle dépasse l'arbre du jardin, elle dépasse même la maison et l'échelle ne se finit toujours pas. La petite fille s'éloigne de plus en plus de ses jouets, emportée par le vent. Enfin Elenê se cogne la tête contre un nuage blanc, doux comme un oreiller moelleux. Une main se tend à elle et la jeune fille s'y agrippe pour monter sur le nuage. Elenê se retrouve face au marchand du rêve.

- Bienvenue sur l'île volante, dit le marchand.

- Une île volante ? demande Elenê.

- Oui, c'est le pays du rêve. Ici, tu peux avoir tout ce que tu veux. Et je suis là pour te guider.

Elenê sourit. On peut voir sur le nuage un immense château, blanc comme le lait, enveloppé par le brouillard. Un château de prince et de princesse. Mais l'enfant s'en détourne et demande si le marchand du rêve peut lui donner une télévision. Le garçon fouille alors dans son sac, et en sort une télé, dépourvue d'écran. Elenê s'exclame :

- Je ne peux pas regarder la télé s'il n'y a pas d'écran !

- Ici, sur l'île volante, il n'y a pas de télévision. Une télévision ne fait pas rêver. Elle t'enferme dans sa petite boîte, répond le marchand.

Elenê jette un dernier coup d'œil au téléviseur et soupire. Ce n'est pas si grave. Le marchand du rêve a l'air gentil et sûr de lui. La jeune fille lui demande s'il veut jouer avec elle. Il accepte.


Durant toute l'après-midi, Elenê s'amuse beaucoup. Elle joue avec le marchand du rêve, bien sûr, mais elle mange aussi du nuage, qui est délicieux, un peu comme une fine barba-papa, et elle court en enfonçant ses pieds nus dans le sol moelleux et chaud. La journée passe très vite, et bientôt le soleil s'efface. Les étoiles apparaissent dans le ciel en chuchotant, comme plein de petites lucioles blanches flottant dans les airs. L'île volante vole très haut dans le ciel, au dessus de tous les autres nuages. Elenê et le marchand du rêve ne sont éclairés que par la lune, qui est la maman de tout le monde, et par le téléviseur, qui n'est le papa de personne. La jeune fille est enchantée. Mais le sommeil la gagne et la berce. Elenê se sent fatiguée, elle baille...

- Endors-toi, petite fille, dit le marchand. Endors-toi, rejoins ta maison, rejoins la terre. Mais quand tu dormiras de nouveau, Elenê, alors tu rejoindras le monde des rêves et tu reviendras ici. Sur l'île volante.


Elenê s'endort dans les bras du marchand du rêve. Ce dernier s'envole avec elle dans la nuit, vers les étoiles, vers le bon lit chaud où le matelas ressemble à un petit nuage. C'est ton tour, désormais, de retrouver le château et le marchand du rêve. Tout en haut, entre les étoiles et les nuages, en grimpant au sommet de l'échelle flottante.

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