Confort occidental

clemstonem

Installée dans mon confort occidental, à deux pas d’un centre commercial, branchée sur canal, je fais rien de mal. A la télé, je vois des gens crever, crier, pleurer, moi je vais m’acheter à manger le cœur léger. J’observe une minute de silence pour me donner bonne conscience. Je soigne mon apparence, on est comme ça en France. « Ah il n’y a plus de pain ! », je me plains, pourtant je mange à ma faim. J’ai de la chance, j’ai de belles vacances mais tout ça c’est sans importance. J’aime mon insouciance. La misère ? Qu’est-ce que je peux y faire ? Je pense à ma future carrière, et je suis en colère contre mon père. Eh, il m’a insulté, j’ai envie de crier et de m’en aller.  Je suis née du bon côté, là où tout est déjà créé, où les gens sont pressés et aiment bien répéter qu’ils sont endettés. L’argent règne en maître, les individus agissent en traitre et pense en premier à leur bien-être. Ce n’est pas ma faute, c’est celle de mes compatriotes. C’est ça, il vaut mieux croire ça, comme si j’étais au cinéma et que mon seul rôle était de dire si j’aime ou pas. Chacun reste à sa place, de peur qu’on le casse, il se tasse. C’est merveilleux comme notre monde est creux, ennuyeux, fiévreux. Personne n’est satisfait mais personne n’est capable de tout changer. On est tellement connecté, qu’on ne peut plus faire semblant d’ignorer l’actualité, si quelqu’un tousse le monde entier le sait. Plus personne ne s’écoute, on continue notre route dans le doute. On a un horrifiant besoin de spectateur, comme quand tu racontes ta vie chez le coiffeur et maintenant avec twitter, ça prend de l’ampleur et ça fait peur. Puis au fond, je tourne en rond, je ne vais pas faire une révolution. Pas d’objection ? Ok, je retourne dans mon cocon. 

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