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petisaintleu
Qu'est-ce que le noir ? Trop souvent, il est nuancé par des pâleurs qui le rendent sobrement nuancé de tâches de basalte, de bleu-nuit ou d'ébène. Mais, jamais, vous ne trouverez sur terre la perfection des ténèbres, l'éclatante absence des couleurs. Ils ne sont qu'une vue de l'esprit quand, aveuglés par de sombres pensées, ils se voilent de la gaze épaisse du spleen, de la tristesse ou de la mélancolie.
À moins que vous ne décidiez de prendre votre peur à pleines tripes pour vous enfoncer dans les entrailles. Nos ancêtres n'hésitèrent pas, affrontant des boyaux qui débouchaient sur des cavernes matricielles.
Depuis une trentaine d'années, les dessous de Paris s'éventraient. Les projets haussmanniens créaient des résurgences que les siècles avaient comblées d'oubli, une éternité au regard des lustres pour se sortir de l'obscurantisme. On redécouvrait d'antiques carrières qui, jusqu'alors, n'intéressaient que des étudiants au teint blafard, en mal de sensations. Au gré des extractions de la pierre de taille, le sous-sol se vidait, alors que la ville lumière cherchait à se hausser par ses constructions bourgeoises vers le firmament capitalistique de ses ambitions. Comme la nature a horreur du vide, il lui arrivait de reprendre possession des bijoux architecturaux travaillés par l'homme. La chaussée s'écartait, offrant à la vue de tous des abysses béants.
Antonin et son cousin Louis en avaient assez de se refaire la guerre de 70. Quand ils entendirent parler de cette curiosité, ils se replongèrent dans Voyage au centre de la Terre. Ils avaient onze ans, l'âge de l'innocence aventureuse. Ils se rêvaient de découvrir Tombouctou, de conquérir les pôles et de remonter jusqu'à la source du Nil Blanc. Ils préparèrent le matériel adéquat, des bougies, de quoi se nourrir pour deux jours et quelques vêtements de rechange.
Des biographies non autorisées de Lovecraft rapportent que, suite à une visite des égouts de Providence, il en ressortit fou et que, dans ses crises de démence, il se maculait d'excréments en invoquant Cthulu. Trois semaines après la disparition des enfants, Auguste Tramon, ingénieur des mines, s'activait à dix mètres sous la chaussée avec son équipe de techniciens. Il était furieux contre l'Inspection général des carrières qui, à l'évidence, avaient fourni des plans qui ne correspondaient à rien. De plus, rien n'expliquait les odeurs nauséabondes qui venaient d'un boyau, non répertorié, et de bruits sourds qui s'en échappaient, provoquant des acouphènes et des migraines.
On fit appel à la meilleure section du génie, des hommes aguerris et armés de la nouvelle fierté de l'armement français, le fusil Lebel. Quatorze heures plus tard, on vit apparaître les deux corps décharnés des enfants, les yeux exorbités, les pupilles dilatées à l'extrême. Une fois qu'ils furent rétablis, on ne put rien en sortir. Leur langue avait été coupée.
En 1890, l'association des amis du Brésil organisa une exposition en l'honneur de l'empereur du Brésil en exil à Paris, Pierre II. Jean de Marsiac, un aristocrate excentrique qui avait participé à l'essor de Manaus, s'était enrichi grâce au caoutchouc et avait accessoirement écumé la forêt équatoriale pour piller les richesses des tribus indigènes, y présentait ses plus rares trouvailles. Il faisait bien des envieux dans le cercle fermé des scientifiques qui se faisaient fiévreux depuis trente ans. Un Allemand, Augusto R. Berns aurait découvert dans la région de Cusco ce qui paraissait être un lieu sacré inca incomparable.
Le clou de la soirée était caché sous le drapeau brésilien. Quand de Marsiac le souleva, il n'y avait rien, rien de tangible, hormis une odeur nauséabonde et un bruit sourd qui provoqua dans l'assemblée des acouphènes et des migraines.
À dix milles kilomètres de là, au Pérou, à la frontière avec le Brésil, dans la réserve naturelle du Pacaya Samiria, près de cent vingt-cinq ans après ces événements, deux enfants hydrocéphales et goitreux se présentèrent dans le village d'Elivra. Quand Liz, les découvrit, ils dessinaient sur le sol des signes qui, immédiatement, lui firent penser à ceux du désert de Nazca. Quand elle voulut les interroger, elle constata qu'ils n'avaient pas de langue.
Quel aventure ! Que vienne la suite, que je me délecte de ce voyage dans lequel tu nous embarques !
· Il y a environ 9 ans ·Thomas Toledo
Mouais, fais gaffe Todedo : j'en ai débarqué plus d'un ! ;-)
· Il y a environ 9 ans ·petisaintleu
Tu n'oserai pas ! Laisse-moi donc embarquer dans ton train, tu as bien accroché ton wagon au mien ;) Et en plus j'ai mon ticket, oui m'sieur !
· Il y a environ 9 ans ·Thomas Toledo
T'as le ticket chic ? https://youtu.be/UlRiuhn9aik
· Il y a environ 9 ans ·petisaintleu
J'ai même le tic et tac (pardon pour ce jeu de mot, c'était plus fort que moi).
· Il y a environ 9 ans ·Thomas Toledo
Décontrachté. Salit à toi Garcimore qui nous regarde de là-haut.
· Il y a environ 9 ans ·petisaintleu
Tu fais partie de ces personnes qui ont le don de nous embarquer dans d'extraordinaires histoires, avec une signature singulière. Tu sais éveiller la curiosité jusqu'à la fin, ne t'arrête jamais d'écrire ! Et j'attends donc la suite avec impatience. ..!
· Il y a environ 9 ans ·ade
Tu me mets la pression Ade !
· Il y a environ 9 ans ·petisaintleu
C'est pour te motiver mon enfant ;)
· Il y a environ 9 ans ·ade
Ah, le noir vous sied à merveille...j'espère que la suite aura sa suite aussi !
· Il y a environ 9 ans ·fionavanessa
J'ai bien peur de me faire embarquer dans un nouveau roman.
· Il y a environ 9 ans ·petisaintleu