Conte psychologique de la PETITE SIRENE ou COMMENT SORTIR DE L'ISOLEMENT

sylvie-frey

Conte métaphorique à visée psychothérapeutique

il était une fois une merveilleuse petite sirène. C'était la sirène la plus jolie et la plus triste qu'on puisse imaginer et personne ne pourrait imaginer comment il était possible d'être aussi jolie et aussi triste en même temps.

Cette petite sirène passait sa vie dans un îlot du Pacifique, sur le parcours très fréquenté des paquebots qui relient les continents. Pourtant, bien que de nombreux bateaux passaient par là chaque jour,  la petite sirène ne les voyait pas car elle se tenait à l'abri du soleil pour garder son teint de lune.

Un jour qu'un marin accosta, elle se réjouit d'avoir de la compagnie et voulut aller à sa rencontre.

Or c'était très difficile pour elle car sa merveilleuse queue argentée lui permettait de se mouvoir avec grâce dans l'eau mais pas d'évoluer avec élégance sur le sable. Elle se sentit tellement différente qu'elle n'osa pas se montrer.

Un autre jour qu'une chaloupe accosta et déposa un marin venu cueillir des fruits, elle se décida presque à se montrer mais le petit bouton poussé la nuit sur le bout de son nez la fit se cacher une fois de plus.

Une autre fois encore, un groupe de jeunes gens venus pique-niquer sur l'île eut presque la chance de la rencontrer. Hélas, là encore elle se cacha car ils étaient nombreux et elle eut peur de répondre à leurs questions.

Et les jours et les nuits passaient et la petite sirène se sentait de plus en plus seule et de plus en plus triste. Elle ne servait à rien sur son îlot, cachée derrière une haie qu'elle avait plantée il y a bien longtemps à son arrivée. La nuit, les larmes roulaient sur ses joues et se perdaient dans l'océan. Ses soupirs étaient tellement profonds que les marins étaient partagés entre le désir et la peur de découvrir le secret des bruits étranges de l'île.

Une fin d'après-midi alors qu'il avait fait très chaud et qu'elle se reposait d'une journée d'ennui, elle découvrit un petit crabe qui sortait du sable avec adresse. Il la salua timidement, émerveillé devant tant de grâce. C'était un petit crabe très curieux et une fois les premières hésitations passées, il lui posa une foule de questions pour comprendre pourquoi une aussi jolie créature se cachait loin de tout. Il joua avec elle, la pinçant parfois bien involontairement et ils passèrent de merveilleux moments.

Hélas, un jour le petit crabe fit la connaissance d'un joli coquillage nacré et ils s'en allèrent tous les deux jouer sur l'îlot voisin.

La petite sirène se sentit abandonnée et se jura de ne plus se laisser aller avec qui que ce soit puisque ça ne servait qu'à souffrir un peu plus chaque fois. C'était sans compter sur une cigogne qui, passant sur l'île pour aller se réchauffer au soleil, s'était reposée un moment et avait tout observé de son oeil de cigogne.

Elle s'approcha doucement de la petite sirène pour ne pas l'effrayer et lui dit :  "As-tu envie de te laisser aller à écouter une vieille cigogne ? As-tu envie de découvrir le secret des étoiles et celui des désirs, le secret des peurs et celui des nuits noires ?"

La petite sirène n'avait pas beaucoup de solutions pour se sentir moins triste. Elle avait bien essayé de se noyer un jour mais elle nageait trop bien avec sa si jolie queue argentée. Alors elle se blottit sous les ailes de la cigogne et l'écouta parler.

Elle apprit ainsi que les sirènes avaient un don merveilleux qui était celui de chanter pour attirer le bonheur. Que les fleurs poussaient sous la douceur de leur regard. Que les étoiles filaient de ravissement à les contempler. Que les fruits mûrissaient à la chaleur de leur souffle et que les poètes ne vivaient que de l'espoir de leur amour.

Elle réalisa aussi qu'à force de vivre seule sur son îlot, elle avait oublié à quel point sa voix pouvait être jolie et que si personne ne l'entendait c'était simplement parce qu'elle restait silencieuse.

Elle accepta de suivre la cigogne au-delà des mers et se surprit même à sourire à l'idée de dévoiler son teint de lune aux rayons du soleil.

Signaler ce texte