Corésus et Callirhoé

marethyu

Poème pour le concours "Fragonard Amoureux"

Quand la peste d'un coup s'abattit sur Athènes,
Prenant les plus faibles : les malades et les vieux,
L'on demanda aux dieux les raisons de leur haine ;
C'était Bacchus, alors, qui tonnait dans les cieux.

Le dieu ordonnait à son peuple un sacrifice.
Il réclamait comme offrande une jeune fille ;
Il voulait la plus parfaite, et, dans son caprice,
Corésus pour servir à la mort de faucille.

Ce prêtre qui avait immolé pour le ciel
Tant, tant de victimes - des animaux et des gens -
Savait que les athéniennes sont toutes belles
Mais que Callirhoé les surpasse aisément.

Or, Corésus, très secrètement, dans son cœur,
Aimait Callirhoé depuis nombre d'années.
Aussi, quand on annonça le nom, quelle horreur !
Celle qu'il aimait, il devait la tuer.

Le jour du sacrifice, le prêtre, au bord des larmes,
Ne put se résoudre à tuer Callirhoé.
Alors, retournant d'un coup, contre lui, son arme
Il transperça son cœur avant de s'effondrer.

Dans un ultime râle, Corésus murmura 
« Puisqu'il faut aujourd'hui se déchirer le cœur,
Autant que son cœur à elle ne le soit pas.
Je rejoins Bacchus en fidèle serviteur. »

Le dieu vit de Corésus le sacrifice,
Et dit : « Il a plus d'amour pour elle que moi,
Je pardonne donc et enlève d'Athènes mon vice. »
Sans la peste, les athéniens retrouvèrent la joie.

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