Corps et âmes intimes - Nouvelle
tantdebelleshistoires
Une semaine s'était écoulée depuis le décès d'Andréas. Bérénice lui avait donné un dernier baiser et le cercueil s'était brusquement refermé.
Recroquevillée à l'arrière d'une voiture, elle suivit des yeux le corbillard et ce paysage familier qui défilait comme dans un vieux film en noir et blanc. Elle avait la nausée et les oreilles bouchées. Elle tenta d'avaler sa salive pour atténuer son malaise mais n'y parvint pas tant sa gorge s'était rétrécie d'avoir pleuré six jours durant.
Le glas raisonna dans sa tête lourde et une violente bouffée d'adrénaline fit tressauter sa poitrine. Elle ne parvenait plus à calmer les battements irréguliers de son cœur qui se vrillait un peu plus à chaque minute qui passait.
Elle s'était pensée morte avec lui en prenant dans ses bras son corps chaud mais sans vie. Elle avait très nettement ressenti cette fusion intime de leurs corps et âmes. Elle était partie avec lui et puis brusquement s'était réveillée dans les affres du temps qui lui restait à vivre.
Elle dut faire un effort surhumain pour revenir à la réalité et s'extraire de la Laguna. Elle se retrouva figée près de la portière ne sachant où diriger ses pas. Ses yeux hagards ne voyaient personne dans cette foule rassemblée. Elle n'était centrée que sur sa douleur, elle était devenue douleur. Pas une parcelle de son cerveau, de son corps, de sa chair qui n'ait été épargnée par cette souffrance de perdre.
Dans un réflexe de survie, elle attrapa ses filles par la main et elles se mirent en route vers l'autel. On entendit alors, leurs talons résonner incongrus sur le dallage de pierre, ils étouffaient à peine les sanglots qui coulaient de leurs yeux clairs.
Et puis Françoise Hardy résonna sous la voute : tu verras au bout du tunnel se dessiner un arc en ciel…ciel, ciel, ciel…..
Bérénice s'accrocha à l'espoir et se concentra sur les mots si vivants qui s'agrainaient au pupitre. Andréas était là, homme, père, ami, amant.
Le préposé des pompes funèbres lui toucha doucement le bras. Le défilé était terminé, tout le monde avait bénit ou salué Andréas, l'église était de nouveau vide, il fallait y aller.
Au-dehors le soleil brillait et se moquait bien de sa peine. Le monde bruissait soulagé d'avoir été épargné par la grande faucheuse. Il regardait Bérénice avec compassion et Bérénice regardait le cercueil qu'on enfournait dans le corbillard.
Le cortège se reforma et s'ébranla lentement, il traversa le cimetière faisant crisser les gravillons et puis soudain, au bout d'une grande allée, Bérénice vit la fosse. Le cercueil ballota un instant soutenu par deux cordes et se cala au fond du trou.
Bérénice s'approcha du caveau éventré et jeta une rose rouge sur le cercueil de chêne. Un air de guitare triste accompagna ces minutes ultimes et puis la pierre tombale se referma sur cette vie écourtée.
Bérénice eut un spasme et s'effondra à genoux au milieu des fleurs fraîches. Elle venait de comprendre qu'il était mort et elle vivante mais que rien ne serait plus jamais comme avant!
La séparation de corps mais reste le coeur et l'esprit à jamais.
· Il y a environ 7 ans ·nilo
C'est même plus complexe que ça dans mon ressenti. J'avais aussi écrit un poème du même titre pour essayer d'exprimer ce que j'ai vécu, je vais le publier...
· Il y a environ 7 ans ·tantdebelleshistoires
Merci Metamorphose
· Il y a environ 7 ans ·tantdebelleshistoires
Magnifique !
· Il y a environ 7 ans ·metamorphose