Course, pour suite

lily-summer

On tourne en rond, à une allure démesurée, en se demandant à chaque tour si c'est bientôt la ligne d'arrivée. On l'appréhende, on essaye de calmer nos pas pour ne jamais la franchir, mais on a pris tellement d'élan, que le vent nous mène à elle, inévitablement. On la dépasse, et tout s'arrête. Comme si le coeur allait lâcher, on ne parvient plus à respirer, nos jambes se mettent à trembler, on flanche sous le poids de l'épuisement. D'avoir tout donné, d'avoir tant puisé dans nos ressources, d'avoir laissé notre force au milieu du chemin, à l'instar de notre sourire, de notre fierté. On se courait l'un après l'autre, avant de courir main dans la main, pour échapper au temps qui nous poursuit.
Au prochain virage, c'est la collision. En une seconde, les rythmes diffèrent, l'un ralentit l'autre, et voilà que le temps nous rattrape, nous fait trébucher, rompt l'étreinte de nos doigts. Seul à présent, on se traine sur la piste, on veut faire un dernier tour, se prouver que l'on peut faire mieux, que l'on peut faire plus. Impossible de revenir sur nos pas, c'est la dernière ligne droite, la dernière chance. On finit par ramper lentement. Points de côtés, points de sutures, invisibles et pourtant innombrables. Et lorsque l'on se tient enfin droit, lorsque l'on a retrouvé notre souffle, on aperçoit enfin une ligne. Nouveau départ. On se lance, on pense avoir trouvé le bon rythme, cette fois. On s'est tellement entraînés, tellement écorché les genoux, on a tellement goûté le bitume de ce circuit.
Si je pars… Cours, combats le temps. 

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