Créativité et arts martiaux

Christian Le Meur


Les arts martiaux, qui se définissent comme un art dans la mesure où ils marient à la fois le principe de réalité et de plaisir, tend pourtant vers leur propre contradiction puis-qu'ici le plaisir trouve son épanouissement dans une activité martiale.


Je rappelle que l'étymologie du mot martial viens du dieu Mars, le dieu de la guerre, du combat et des rivalités exacerbées.


Morihei Ueshiba, fondateur de l'aïkido et tous ceux qui se revendiquent comme les dépositaires de son héritage, nous invitent à nous libérer de cette conception erronée du monde . Cette relation à notre environnement, à l'autre, nous nous obstinons à la rendre complexe,conflictuelle. Pour O Sensei, l'art de la paix, puisqu'il telle est sa définition de l'Aïkido doit s'acheminer vers un principe d'unité apaisée, de réconciliation, qui trouve sa source, son essence même dans la recherche naturelle de la simplicité. Simplicité du mouvement , simplicité de la réflexion dans l'action.


Dans ce but, les arts martiaux, au-delà de leur exigence de pratique trop souvent dévoyée par cet incessant retour à des adjonctions que je qualifierai parfois de fantaisistes, doivent rester accessible à tous. La voie qu'ils nous proposent nous fait progressivement passer du manque d'élégance, de l'ignorance à cet état d'esprit emprunt de lucidité qui nous rend réceptifs au processus de création. Dans ce cheminement, la technique s'épure de ses conditionnements, se dépouille de ses apparences. Mais cette quête d'esthétisme impose, humilité oblige, de faire l'effort d'aller au-delà de ces imitations naïvement répétées qui nous bercent dans ces faux-semblants et ne visent qu'à satisfaire notre ego désespérément en quête reconnaissance.


, Enfin, parvenus à la finalité du dépouillement, nous appréhendons le précepte du geste créateur.

cette perception naissante va enfin nous permettre de ressentir ce qui s'exprime en nous. Cette action individualisée qui nous révèle notre potentiel face à nous-même comme face à autrui, va nous obliger à prendre conscience de notre propre identité


Le corps, confronté au réel, devient l'instrument de sa propre création. Communiquant avec les outils adaptés à son art, c'est à dire les fondations, il revendique sa fonction sociale puisqu'il permet à sa propre individualité d'intensifier sa relation avec l'autre, voire même comme le suggère les grands maîtres, mais à mon avis, présomptueusement , avec l'universel.


Pourtant, comme tout parcours confinant à la frontière de l'imaginaire, la tentation serait grande d'échapper volontairement à cette finalité sociale, cette notion de partage et de transmission pour s'abandonner, en solitaire à la complexité de son geste.


La clairvoyance des fondateurs et des théoriciens du budo confrontés à sa finalité première, fut d'éviter le dévoiement de la pratique en élaborant un socle permanent, a-culturel, résultant d'une expérience maîtrisée et lisible. Ce socle de base commune, parce qu'au-delà des limites du moi, réside uniquement dans un apprentissage rigoureux des fondations, instruments indispensables de l'édification de son chemin.


La créativité dans les arts martiaux n'est donc pas une quête imaginaire dans laquelle on obligerait le corps à renier sa propre intelligence, son mode de fonctionnement mais bien à s'approprier l'outil indispensable à son édification: la souplesse. Je ne parle pas de cette aisance qui voudrait qu'après des années d'effort nous parvenions à nous plier en deux, mais bien de cette souplesse synonyme d' harmonie corps / esprit et la clé originelle du mouvement en liberté.



(Peinture sur verre de l'auteur)


  • Tout à fait d'accord! J'ai longtemps pratiqué le karaté et l'aïkido avec une préférence pour ce dernier. Ah oui la souplesse du corps et de l'esprit ensemble...je dirais même que cet art permet d'appréhender n'importe quelle difficulté de la vie quotidienne sous des angles différents donc créatifs.
    Quel découverte fabuleuse que de comprendre que ce qu'on croit ou ce qu'on voit n'est pas la réalité, que la clef est ailleurs et que l'apprentissage offre peu à peu une maitrise permettant de la trouver.

    · Il y a presque 5 ans ·
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    divina-bonitas

    • Merci pour votre commentaire. Effectivement, comprendre le DO, c'est prendre conscience que l'esprit de compétition guidant notre existence est un non-sens.

      · Il y a presque 5 ans ·
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      Christian Le Meur

    • Et moi j'ai beaucoup apprécié votre article. On parle peu des arts martiaux et certains n'en connaissent que le côté démonstratif...moi l'aïkido m'a sauvé la vie, au sens propre, m'a permis de me sauver, un soir où, jeune, je fus agressée violemment...d'un coup les paroles de mon prof et certains exercices m'ont permis de trouver la bonne voie.

      · Il y a presque 5 ans ·
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      divina-bonitas

  • Je suis ceinture noire de karaoké ! :o))

    · Il y a presque 5 ans ·
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    Hervé Lénervé

    • Et qui est ton Sensei karaokéi, ô vénérable Hervé, Enrico Macias ou Zanini? :o))

      · Il y a presque 5 ans ·
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      Christian Le Meur

    • Mireille Mathieu. :o))

      · Il y a presque 5 ans ·
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      Hervé Lénervé

    • Moi j'étais abonné à Hara-Kiri...

      · Il y a presque 5 ans ·
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      arthur-roubignolle

    • Maintenant je comprends l'origine de ton pseudo. Tu étais l'ushi deshi (disciple) du grand maître, le professeur Choron expert dans le Kiri coup

      · Il y a presque 5 ans ·
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      Christian Le Meur

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