Cri noir

tropical-writer

CRI NOIR


Contre les parois de mon crâne,
Raclent toujours les fers rouillés
Rivés aux chevilles de mes ancêtres.
Quand je retrouve le rythme syncopé
Des danses oubliées du continent perdu,
C'est leur tintement qui marque mon pas.
Quand je secoue le carcan de l'éducation,
Pour murmurer le cri sauvage des Marrons,
C'est encore le bruit de ces entraves
Qui couvre ma voix.


La rumeur constante de la mer
Ne m'est d'aucun secours.
L'océan ne m'est pas liberté,
Il m'est malédiction !
Derrière son horizon uniforme,
Il masque, avec obstination,
Le souvenir refoulé
D'une terre d'idéale cruauté.
La couleur des flots, même,
M'est incompréhensible.


D'où viennent ces émeraudes et ces turquoises ?
Où est passé le sang des corps
Vite jetés par-dessus bord ?
Vers quels rivages ignorés
Le vent a-t-il écarté la plainte
Et les râles, les prières et les hurlements
De ce «Bois d'Ebène» déraciné ?
Je n'entends plus ces tristes mélopées,
Mais seulement l'obsédant cliquetis
De ces fers, qui m'empêchent d'avancer.

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