Crise de funambulisme

donmar

Aux quatre coins du monde, d’une âme vagabonde
Au loin je voudrais barouder
Enfiler mon galure, partir à l’aventure
Tout de suite sans me retourner.

Squatter les halls de gare, et les aérogares
Deviendrait alors mon quotidien
Vivre dans le surnombre, tout au milieu des ombres
Dans un continuel va-et-vient.

Le soir d’hôtel miteux, en motel piteux je
M’écroulerai le temps d’une virgule
Pour partir sans délai, et puis recommencer
Sur la route à jouer le funambule.

Oui mais au lieu de ça, je reste auprès de toi
A tournicoter comme un rat mort
En plein cœur de l’ennui, j’m’épanche et puis j’m’endors
Mais motus
Dans tes bras jusqu’au bout de la nuit.

Déjà dans l’air d’ailleurs, je respire les vapeurs
De blues de la nouvelle-Orléans
Assis un verre à la main, avec les musiciens
A ruminer  en cœur nos tourments.

Et quand mon paquebot, un jour au gré des flots
Me portera jusqu’à Amsterdam
Je m’en irai hilare, larguer les amarres
Avec les marins, leurs frites et leurs femmes.

Je me réveillerai, comme à l’accoutumé
Dans les bras aimants d’une créature
Exotique et toute nue, en terre inconnue,
Et j’lui dirai, à la revoyure.

Oui mais au lieu de ça, je reste auprès de toi
A tournicoter comme un rat mort
En plein cœur de l’ennui, j’m’épanche et puis j’m’endors
Mais motus
Dans tes bras jusqu’au bout de la nuit.

Quand au petit matin, je me réveille enfin
Dans ces draps tellement familiers
J’écoute tes sanglots, j’étouffe le cœur gros,
Et je pars sans me retourner.

Sur le pas de la porte, moi misérable cloporte
J’avoue que je n’ai pas fière allure
J’enfile mon chapeau, je repars au boulot
Comme tous les jours c’est mon aventure.

Sur le quai de la gare, l’œil hagard je m’égare
Un jour je sais que je partirai
Noyé dans le surnombre, ombre parmi les ombres
Ce soir c’est sûr je repartirai.

Et c’est très bien comme ça, tu restes auprès de moi,
Dans la grisaille de mon quotidien
Passer toutes tes nuits, à panser mes chagrins
Terminus
Dans mes bras jusqu’au bout de l’ennui.

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