Dame natio

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A mes amitiés solaires. A l’un de tes textes.

Ma chérie, calme-toi. - Mais tu n'étais pas là…

Dis, maman, pourquoi sont-ils toujours comme ça ?

Ce n'est toujours pas moi qu'ils regardent ici-bas.

Dis, maman, sont-ils toujours comme ceux-là ?


Dix centimètres ou dix kilos de trop,

Taille, bassin, jupe ou froc, pour ces idiots

Assez de quoi proclamer une damnatio,

Frapper, cracher, déchirer, humilier, plus haut !

 

Ma chérie, calme-toi. - Mais tu n'étais pas là…

Dis, maman, pourquoi sont-ils toujours comme ça ?

Ce n'est toujours pas moi qu'ils regardent ici-bas.

Dis, maman, sont-ils toujours comme ceux-là ?

 

Pendant presque cinq ans, à leur courber le dos,

Les chers instants valsent, trinquent, coulent les eaux

Dehors, il pleut et peu à peu germent les pavots,

Les petits coups de pied et l'ombre du grand couteau.

 

Maman, je sais à présent que les grandes grilles

Ne me protègent plus, debout, avec béquilles,

La Vie a emmené mes jouets, mes rêves

de gamine et les iris, cauchemars sans trêve

 

Les larmes galvanisées ont créé un monstre,

A la mine et à l'allure de fantôme clair,

Mais autre chose est à l'œuvre dans mon âme, montre

Le moi, ce démon boueux aux cheveux d'éclairs,

 

A la gueule béante, aux yeux affamés,

Les simples reflets d'un objet utilitaire !

Dehors, glycine, violettes et allée

De roses, le ciel crache ses glaires solaires

 

Et sa main à nouveau sur ma gorge,

Me serre et ferme la fenêtre, le chêne

se brise avec fracas en débris pathogènes

et hurle pour ses branches que l'on égorge !

 

***


Mon corps est ce clair tombeau,
Sépulture des « tu as beau... »,
Ma chair est ce triste linceul,

Mouchoirs de cet être seul
Ma peau porte le blasphème
De mes amours en rêves blêmes


Pourtant, encore à plonger dans tes vers

Je m'étonne de m'y noyer, horizon littéraire

Auquel tu donnes de célestes parures,

Et des cicatrices aux belles courbes manuscrites

 

Qui s'envolent là où il pleut des écritures,

Où les flaques s'agrandissent et où s'abritent

Les heures qui passent et la belle colombe

Que ne cessent de fuir les gouttes d'ombres

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