(1) GEORGES, dans la peau…

nyckie-alause

Hélène et Georges (1)

Je m'appelle Georges. Ma mère avait tenu à me donner ce nom en souvenir de Washington, disait-elle. Je n'ai jamais éclairci s'il s'agissait de la ville ou de l'homme. Elle n'était jamais allée en Amérique, n'avait pas de livre sur le sujet, ni sur l'homme, ni sur la ville, ni même sur l'état de Washington D.C.

Donc, vous l'aurez compris mon nom est Georges , Georges Huaches, et l'histoire qui m'est arrivée n'est pas une affabulation. Ni une tentative de faire parler de moi à tout prix. Je vais me contenter de vous narrer de manière chronologique, les faits bruts, tels que je les ai vécus.


C'était un lundi. 

J'avais programmé mon réveil pour 6 heures. Mes dossiers de la journée étaient déjà dans ma serviette. Je me suis levé dès la première sonnerie, sans mettre mes lunettes ni allumer la chambre je me suis dirigé vers la douche. J'ai mis le débit de l'eau au maximum et la température à la limite du supportable. J'avais du mal à me sentir d'attaque aussi j'y ai passé plus de temps qu'à l'accoutumé et ce n'est que la raison qui m'a fait en sortir. La pièce était devenue floue de la vapeur accumulée, j'ai donc effectué toute ma routine, dans la brume, devant un miroir sans effet. Je suis repassé dans la chambre pour enfiler mes vêtements, toujours sans allumer la lumière pour ne pas réveiller Hélène, c'est mon épouse.

Pour vous parler d'elle, elle est infirmière de nuit. Ce qui fait que nous ne nous rencontrons que rarement. Quand je me lève, elle est au lit depuis moins de deux heures. Nous n'avons l'occasion de nous parler ou de nous disputer que deux jours par semaine et pas forcément le weekend.

Donc, je m'habille et sans bruit je rejoins la cuisine. En buvant mon café je consulte mon agenda, efface les traces de mon passage, la tasse, l'assiette, les miettes. J'attrape ma serviette, mes clefs et, au moment de partir je lève le bras gauche, je relève ma manche pour vérifier l'heure sur ma montre et là, Ô stupeur, les bras m'en tombent. Il s'agit bien de ma montre, mais le bras, ce n'est pas le mien. J'ôte ma veste. Je m'assieds. Je pose ce bras sur la table. Je relève la manche. C'est bien mon alliance sur l'annulaire, elle flotte un peu car les doigts sont plus fins, avec des ongles un peu longs et soigneusement manucurés. Pour être sûr, pour comparer, je découvre aussi le bras droit. Rien à voir. La main est bien plus épaisses, les ongles en sont rongés, des poils poussent sur la troisième phalange, le poignet paraît plus ossu, le duvet de l'avant bras est brun et élégant, masculin, mâle pour tout dire. Sur l'avant bras gauche, le couverture pileuse est quasi inexistante, un poil clair et court mais surtout, j'hallucine,  une rose dont la tige noire et épineuse remonte jusqu'au coude en sinuant. Son bouton renflé s'apprête à éclore sous le cadran de la montre que je consulte encore : 6 h 45. Je dois absolument partir. Ce premier rendez-vous ne peut être remis. Je me rajuste, rattrape mes affaires qui sont tombées sur le carrelage, sur la tablette, la paire de gants que j'enfile tout en rejoignant la rue.

Toute la journée, une démangeaison au niveau de l'omoplate gauche m'a incommodé. Pourtant je n'ai pas eu le courage de me dévêtir dans les toilettes pour constater l'ampleur des dégâts. J'ai fait comme si je ne m'étais rendu compte de rien. J'ai juste appelé Hélène pour savoir si elle serait à la maison quand je rentrerais. « Non, j'ai yoga. Bonne journée ».

Aussi, quand Charles m'a invité à dîner, j'ai accepté et en guise de repas j'ai surtout consommé du Bourbon. Je me suis jeté sur le lit en rentrant, directement, sans allumer la lumière et j'ai sombré comme on se noie dans un sommeil sans rêve.


Le mardi matin, le réveil n'a pas eu le loisirs de sonner car ce sont mes propres ronflements qui m'ont réveillé. Quand je me suis levé, Hélène a poussé un énorme soupir, comme soulagée, et m'a tourné le dos. J'ai à peine aperçu son visage dans la pénombre. Je suis sorti de la chambre sur la pointe des pieds en emportant mes vêtements de manière à n'avoir pas besoin de revenir. Les doigts de la main droite sur le bouton de la lumière, j'ai compté jusqu'à huit avant d'allumer la salle de bain. J'avais ressenti en sortant de la chambre un impression étrange au niveau de la nuque, comme un regard dont on ne connaît pas l'origine, une présence qui provoque une onde de chaleur qui descend le long de la colonne vertébrale. J'ai allumé donc et j'ai refermé la porte, au loquet. Rageusement j'ai enlevé de derrière la porte toutes les nippes, kimonos, serviettes surnuméraires que mon épouse accroche aux patères et qui masquent complètement le grand miroir que je me suis embêté à y placer.

Nu, devant ce miroir, j'ai cru que je rêvais. Toute la partie gauche de mon corps était celle de quelqu'un d'autre. Quelques poils roux cernaient mon mamelon, enfin, justement pas le mien. Les côtes étaient mieux dessinées. la hanche était plus creuse. La jambe plus fine et plus musclée, les doigts de pieds plus longs, manucurés comme ceux d'une femme. Je tremblais. J'avoue que, à ce moment là, j'ai hésité entre la folie et la terreur. 

« Vous n'avez pas réveillé Hélène? » me direz-vous. 

— Hé bien non, je n'ai pas osé. Elle m'aurait encore accusé d'avoir bu. Elle aurait dit que tout cela était forcément de ma faute. Que je l'avais bien cherché.…

De la main qui m'appartenait encore j'ai saisi mon sexe. Je le connais bien. C'était toujours le mien. Il valait mieux car je ne peux imaginer un seul instant toucher au sexe d'un autre homme, vous comprenez ce que je veux dire.

Une chose tout de même me rassurait. La moitié qui n'était pas mienne avait la même taille que celle qui avait disparue. Etais-je plus dérangé par cette demi présence inconnue que par la perte de la moitié de moi-même. Je ne sais pas trop maintenant que ceci semble définitif.

Comme la veille, je me suis préparé, j'ai rangé la cuisine et je suis parti travailler. J'ai été obligé de remonter car j'avais oublié les gants.

Tous les moments de la journée où je me suis retrouvé seul dans mon bureau, je relevais ma manche de chemise pour regarder la rose. La montre était au poignet droit et d'heure en heure le bouton grossissait sur mon bras, je veux dire ce bras gauche. Sa couleur rouge y devenait plus vive et j'ai aperçu quelques feuilles vertes qui n'étaient pas là hier sur la tige épineuse.

En fin d'après-midi, j'ai appelé Hélène qui m'a dit qu'avant d'aller prendre son service elle irait dîner chez sa mère. Je lui ai souhaité une bonne nuit. 

Quand je suis arrivé à la maison, la nuit était tombée. J'ai fait couler de l'eau chaude sur une soupe en sachet, j'ai rangé et je me suis couché.

C'est à ce moment là que j'ai dû prendre une décision difficile. Si mon côté droit devait disparaître à son tour cette nuit je ne pouvais imaginer mettre ma main droite sur mon sexe qui risquait, dans ce cas là de disparaitre aussi. Je me résolu donc à user de la protection de cette main gauche. Au matin la rose avait fleuri.


Le mercredi je ne pris pas de gant, mes mains était parfaites. Quand à l'heure du déjeuner Charles et moi avons joué au tennis, il a trouvé que j'avais changé, que j'avais l'air en forme et je lui ai dit « C'est le yoga ».

  • Quelle fiction!!! au parfum de rose... compliqué mais prenant... pss! la nuit était tombé...l'assiettes.... oups! mais bon nous sommes tous distraits Kissous

    · Il y a environ 9 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

  • Et le VAE ?... Hélène elle est pas cool ! Jolis moments: j'ai noté entre autre ceux-ci : 'Rageusement j'ai enlevé toutes les nippes, kimonos, serviettes surnuméraires que mon épouse accroche aux patères et qui masquent complètement le grand miroir que je me suis embêté à y placer'...' Quand je suis arrivé à la maison, la nuit était tombé. J'ai fait couler de l'eau chaude sur une soupe en sachet, j'ai rangé et je me suis couché'... mais pourquoi 8 secondes ?

    · Il y a environ 9 ans ·
    Philippe effect betty

    effect

    • Essaie donc de rester le doigt appuyé sur l'interrupteur pendant 8 secondes sans appuyer, c'est super long à friser l'intolérable… Et je le jure Hélène ce n'est pas moi…

      · Il y a environ 9 ans ·
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      nyckie-alause

    • Et la batterie du VAE est chargée, il fait très beau, je vais aller jusqu'à la mer, bonne journée

      · Il y a environ 9 ans ·
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      nyckie-alause

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