Dans la tête d'une borderline...
A.E Ferrets
1
Tout blanc, tout noir, jamais de gris.
Je cherche et je cherche encore le sens de ma vie.
Coucher mes maux sur un morceau de papier,
En espérant qu'un jour, ils me donneront la clé.
Ma tête est un champ de bataille où les pensées se meurent.
Et je n'ai que mes larmes pour soulager mon cœur.
J'aime et je hais sans différencier.
L'enfant bafouée en moi ne m'a jamais quittée.
J'ai longtemps cru trouver dans la mort ma rémission.
Touchant du doigt cette pensée au gré de mes oscillations.
Mais j'ai décidé de mener à la vie un véritable combat,
Et de me relever face à ses nombreux coups bas.
Je suis, je ne suis plus. Comme une goutte de pluie qui s'évapore.
Je joue, je pleure et j'en demande toujours encore.
Chaque matin est un nouveau jour,
Un jour rempli d'amour et de mauvais tours.
À fleur de peau, mes sentiments me bercent.
Comme mes illusions, ils me guident et me bouleversent.
Je me brûle avec la vie et en perds la raison,
Car dans mon regard, sur tous, il y a de la passion.
J'aime, je hais, j'adore et je pleure.
Borderline, tu as tué mon cœur.
Je ris, je tombe et je supplie
Qu'un jour, de mon corps, cette "maladie" s'enfuie.
Mais dans mon combat, j'aperçois la lumière.
Dur de se battre contre soi quand on exagère !
Mais je sais qu'au bout, la paix viendra m'embrasser,
Et je pourrais enfin, vivre sans m'arrêter.
A.E Ferrets
1 Octobre 2012
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2
Je n'ai plus envie de me lever pour contempler le jour.
Je ne vois plus les étoiles sous le soleil brûlant.
Les oiseaux volent en cercle dans une petite cour.
J'ai l'âme morose et le cœur chancelant.
Le parfum de la vie n'enivre plus mes narines.
Le souffle de l'envie n'a que faire de ces joies.
Le manteau qui m'enterre au fin fond de l'abîme,
Est plus lourd encore que le poids de tes bras.
Je tombe, sombre dans la mélancolie.
Mes larmes ruissellent comme ces gouttes de pluie.
Demain, les heures seront bien plus roses,
Et j'aurai oublié le pourquoi et la cause.
De hauts et de bas, ainsi est faite ma vie.
Elle tire souvent le drap de mon beau paradis
Et dénude mon cœur de ses points de suture.
Mais j'écrirai encore pour panser mes blessures.
Et dans l'immensité j'explorerai la mort.
Les anges et les démons riront bien de mon sort.
Je me battrai encore contre leur armée macabre,
Pour terrasser enfin tout ce mal qui m'accable.
Je savourerai alors une trop courte victoire,
Dans un grand univers bien trop dérisoire.
Et je marcherai vers de nouveaux lendemains,
À bout de souffle, mais prête, les armes à la main.
Un genou à terre et le cœur ensanglanté
Par les blessures béantes que la vie m'a laissées.
Le regard sévère, je saisirai ma chance.
Refusant de me taire, je me ferai violence.
Car je n'ai d'autre choix que d'affronter ce diable,
Qui, de son âme glaciale, s'est invité à ma table.
J'ai pourtant tant rêvé de rejoindre les étoiles,
Mais je reste piégée dans cette immense toile.
L'araignée l'a tissée avec un fil trop parfait.
D'une bobine volée aux tisseuses dorées.
Séparant ma vie en deux pôles opposés.
M'imposant un yo-yo fait d'extrémités.
Entre la terre et le ciel, j'aperçois la mer.
Sous son soleil brûlant, je balaierai la brume.
Et de la lune étincelante jaillira la lumière,
Qui, dans une douce brise, dissipera l'écume.
L'amour enfin reprendra ses droits.
Et je me nourrirai encore de cette immense foi.
Car de toutes ces horreurs, c'est l'unique merveille.
Le centre, l'équilibre, pour lequel je m'éveille.
A.E Ferrets
Mars/Avril 2014
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3
Avancer... reculer... avancer...
Marche infernale qui ne veut pas cesser.
S'accrocher... continuer... s'accrocher... puis tomber.
Tourne la roue sans jamais s'arrêter.
Une vie sans nuances me dites-vous ?
Oui, mais non, voyez, ce n'est pas tout !
Tout blanc, tout noir, jamais de gris ?
Pensez-vous sincèrement que mon monde est si petit ?
Au dessus de mon ciel, il y a un paradis,
Et dans tous ses nuages, j'ai retiré la pluie
Pour peindre un arc-en-ciel au gré de mes envies,
Comme une pause, un soupir, un petit souffle de vie.
Mais le temps capricieux ne cesse de l'effacer.
Je dois me battre sans cesse pour pouvoir le garder.
Parfois peut-être, je donne la vague impression
D'avoir manqué un peu trop d'ambition.
Et bien monsieur, laissez-moi vous dire,
Vous qui avez, des livres, ouï dire,
Que, aussi petite suis-je devant mon TPL,
C'est d'une grande hauteur que je vous interpelle.
Afin que, de votre chaise, vous puissiez,
Apercevoir avec toute l'aisance qu'il vous sied,
Toute l'arrogance et la désinvolture
De ma langue que je vous tire outre mesure !
De cette grimace, je vous saurais gré,
De bien vouloir accepter
Tous mes sentiments bien distingués
Et mon impolitesse "cordialisée".
Quant à moi, je retourne à mes pinceaux,
Il faut que je repeigne d'un bleu encore plus beau
Le ciel que vous avez barbouillé
De vos discours trop peu colorés.
Car j'ai envie de peindre le soleil,
Dans le cœur gris de toutes les abeilles
Qui, comme moi, butinent à tâtons
Les fleurs de la vie d'une Border-passion.
A.E Ferrets
06/10/2014
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Le rêve d'Alice
Alice regarde par la fenêtre. Ses yeux cherchent en vain une petite étincelle distrayante, une petite flamme, qui pourrait lui rappeler que la vie est belle et qu'elle vaut la peine de se battre. Mais rien. L'air est vide… Même les cieux sont délaissés par les nuages.
Le ciel est bleu, le soleil réchauffe tous les cœurs, sauf le sien. Comme c'est injuste, pense-t-elle parfois. Mais il en est ainsi et il faut bien faire avec.
Alice a de nombreuses fois songé à partir s'installer dans les étoiles. Sur la lune peut-être ? Cela semble être une bonne idée. Elle ne craint pas la fraîcheur de la nuit, puisqu'à l'intérieur d'elle-même règne déjà un froid glacial. Le manteau de l'obscurité ne l'effraie pas non plus, car elle a depuis longtemps perdu la lumière de ce monde.
Alors, pourquoi pas ? Ça peut être un bon endroit ! Elle pourra peut-être, avec leur permission, cueillir quelques étoiles pour les mettre dans ses yeux, afin de jouer à être heureuse comme ils le font en bas. Elle a du talent pour cela, mais il lui manque ce fameux « accessoire » qu'elle a remarqué dans certains regards.
Alice s'interroge… Pourquoi les autres ne jouent-ils pas ? Elle est pourtant obligée de le faire chaque jour. Peut-être qu'il y a des gens qui ne jouent pas non plus ? Et peut-être même qu'ils vivent eux aussi sur la lune !
Mais en attendant, elle se sent bien seul…
Alors que son regard s'attache à un buisson non loin de là, un petit oiseau pointe le bout de son bec et la regarde avec plein de curiosité. Posé sur le bord d'un toit de jardin, il se met à sautiller en sifflotant. Alice aime bien regarder les oiseaux. Elle se demande toujours à quoi ils pensent lorsqu'ils la regardent ainsi. Ont-ils eux aussi des soucis ? D'où viennent-ils ? Où vivent-ils ? Autant de questions qu'elle se pose sans avoir de réponse. Mais son imagination fait le reste !
Sur la lune, il n'y aura pas d'oiseaux ni de fleurs, songe-t-elle. Mais bon, au moins, elle y sera tranquille et personne ne pourra la blesser de nouveau.
Elle décide soudain de retourner dans sa chambre, afin d'y retrouver son trésor le plus précieux : une petite boîte. Cette boîte-là, il ne faudra pas l'oublier lors du déménagement ! C'est là dedans qu'elle y mettra les morceaux de son cœur, bien à l'abri des méchants. Il ne lui en reste plus qu'un petit bout, tout fragile, qui lutte et qui s'accroche encore de toutes ses forces. « Pourquoi te bats-tu encore petit cœur ? Parfois, je ne te comprends pas… »
C'est à peu près tout ce qu'elle a envie d'emporter sur la lune. Ça et ses petits compagnons en peluches qui ont maintes et maintes fois séché ses larmes de crocodile. Le reste n'a pas d'importance.
Mais il y a quand même un point négatif avec la lune, c'est que d'en bas, on peut voir tous ses autres marcher, jouer, grandir, s'aimer… Faudrait-il aller encore plus loin ?
Alice s'allonge sur le lit en serrant très fort son petit animal en tissu tout doux, une larme coulant le long de sa joue usée. « Oh un jour, tu sais, je te promets, on ira vivre sur la lune. Oui, je te le promets ! Et d'en bas, tu verras, quelqu'un, un jour, regardera vers nous. Quelqu'un, un jour, pensera à nous. »
A.E Ferrets
09/04/2015
Cette trilogie est une merveille. Chaque mal évoqué est travaillé avec beaucoup de pudeur et de délicatesse. Tu es une abeille à la fois l'ouvrière celle qui écrit, le soldat celle qui combat le mal et la reine celle qui met au monde de très beaux écrits
· Il y a environ 10 ans ·lafeeclochette743887
Bonjour Alicia,
· Il y a environ 10 ans ·Beaucoup de courage de ta part pour mettre tes émotions en mots, sur ce trouble de la personnalité limite. Le chemin que tu as choisi, en t'exprimant par la création artistique, tant par l'écriture, que par la peinture, est sûrement la bonne attitude, pour essayer de combattre cette insécurité interne constante, et son cortège de manifestations associées, que tu éprouves.
Quoi qu'il en soit, en luttant contre l'isolement, et le renfermement sur soi, et en allant vers l'autre pour en parler, tu peux améliorer ta qualité de vie.
Bravo pour ce texte qui retentit comme un cri dans la vie, et merci encore pour ce partage qui témoigne de ton courage.
5/5 et coup de coeur.
Au plaisir de te lire.
Amitiés.
Paul Stendhal
Paul Stendhal
surement pas facile à vivre pour toi mais avec les mots tu fais de tes maux des joyaux bravo
· Il y a environ 10 ans ·Nicole Azais