Dans le vide, il reste un tout...

lodine

Billet

Le vent s'incruste dans le chemin, apporte au promeneur le souffle inlassable de la vague  derrière la dune et les argousiers. C'est le prélude à une envolée vers l'horizon que les yeux ne découvrent pas encore. Une promesse. Une certitude que le vent charrie.  Et lorsque le paysage s'ouvre enfin, il n'y a plus rien d'autre qui compte.  Cette luminosité aveuglante, ce soupir de la mer argentée, qui couche sur le sable fin des algues iodées et des coquillages polis par les âges. 

Il reste de cette balade avec le père et le frère une vision, celle d'un homme qui trempe ses pieds blancs dans l'eau de la mer du Nord, qui porte en bandoulière ses chaussures de marche dédiées à la montagne, qui mouille le bas de son pantalon de toile et qui rit à la vie.

Cet homme, c'est mon père.

C'est lui qui m'a appris le nom de ce petit fruit orangé, l'argouse, dont on fait de délicieuses marmelades, qui m'a appris la faille calcaire sur laquelle vient buter la dune et crée des zones humides à même le sable.

C'est lui qui m'a faite, qui m'a nourrie de sa curiosité, qui m'a transmis le goût de ces choses simples, mais si belles. C'est lui qui a cherché, toute sa vie, à améliorer son quotidien, à faire du mieux possible pour sa famille.

Cet homme, je lui dois tout. 

A l'heure du rien, à l'heure de la suprématie de la médiocrité et de l'ignorance galopante, il a démêlé certains nœuds de la connaissance pour moi,  mon frère. Il est fort, cet homme. Je l'ai parfois détesté, mais comme je l'aime, là, avec ses pieds blancs dans l'eau. Il a des yeux bleus et une casquette mal vissée sur son crâne dégarni. Un vieux polo toujours mal mis dans le pantalon qui tombe. Il a des mains abîmées par le travail de la terre.

Il est fort, mon père.




  • Sublime et touchant. Votre plume oscille avec virtuosité entre ciel et terre. Vos mots se noient dans la mer puis échouent sur le sable d'or... Ils se déposent sur notre paume et ne reste que le grain le plus flamboyant... Celui de l'amour inconditionnel et absolu. Merci infiniment pour ce cadeau.
    Bien à vous, Julien.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Profil

    Julien Darowski

    • Merci ... vos mots me touchent. Vous, vous êtes un poète.

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Laurence vasseur

      lodine

  • Un bel hommage au père !!

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci Louve !!

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Laurence vasseur

      lodine

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