Dans les rues de ma cité
Stéphan Mary
Comment puis je écrire "ma" moi qui suis convaincue que l'on appartient jamais totalement à l'autre, qu'une relation, quel qu'en soit l'objet, est constituée d'un-e plus un-e, qu'il n'y a pas d'appartenance. Et pourtant "Ma" Charlie, dans les rues de ma cité
J’ai voulu devant toi t'exprimer,
Ce qui loin de moi aurait été
Si je ne t'avais rencontrée.
Or j'ai choisi la lumière de ton coeur.
J'ai marché dans la cité,
Pendant des nuits sans m'arrêter.
Me suis demandée ce qui était bien
Pour toi pour moi et les tiens.
Mais je n'ai pas longuement hésité,
Sur le choix qui me portait vers toi.
J'ai senti des élans
Des balbutiements
Des emballements.
J'ai senti mon corps frémir
S’endormir et puis rire.
J'ai lové ton corps dans mon coeur
Pour que plus jamais tu n'aies peur.
J'ai cherché à m'améliorer
Pour que nos vies dialoguent pour de vrai.
Tu as cherché à t'extérioriser
Pour que ta vie s'exprime dans le vrai.
C'est comme dans les dédales d'une ville avec ses méandres puérils.
Tu prends une rue et puis une autre,
Venise et ses canaux,
Llanca et tu te vautres.
Je cherche ce qui n'est plus dans les dédales de ma cité,
Mais dans ton coeur je ne suis plus que cendres incendiées
Puis fumée.
.
J'écoute ta musique qui ne me lâche pas,
Tes lèvres s'articulent dans un ultime "faut pas !".
12 années de vie commune et 15 ans d'amour
Valent bien mieux que nos faux pas.
Je t'aime tant.
M'aimes tu comme avant ?
Non bien sûr ! D'ailleurs tu ne m'aimes plus.
Et moi je t'aime.
Dans les rues de ma cité qui sont pas bien éclairées,
On pleure Brel et "quand on a que l'amour...Alors sans avoir rien que la force d'aimer...".
Ça slam dans ma cité.
Les circonvolutions de mes deux hémisphères vont tout droit vers toi,
Te cherchent
Et ne te trouvent pas,
Dans les rues de ma cité.
Je slam sur ton corps que je ne vois pas,
Qui par une autre est dénudé,
Caressé puis subjugué.
Tu te complais dans une jouissance
Sans complaisance,
Impatiente de ce que la vie te doit.
Mais la vie ne doit rien !
Elle est là, l'ingrate, à exiger des devoirs sans plaisir,
Des trottoirs sans filles, sans mecs, des trottoirs propres et nets...
Contrairement à ma folie
Je dégueule du manque de toi chaque jour qui passe.
Le manque est si fort qu'il en devient plus qu'insupportable,
Il en devient improbable.
Mais si je te dis camée de toi, tu me dis tires toi
Alors je me tais, persuadée que peu est toujours mieux que rien.
Que fais tu là tout de suite à l'instant ?
Pas de réponse. Vous baisez ???
Sous le ciel de ma cité c'est normal !
On y croit, on se sent un peu animal.
La cave est toujours propre quand c'est la 1ère fois.
Charlie, j'ai slamé notre folie avant d'avaler les médocs qui sont jolis.
Bleus, roses, blancs...
De quoi faire une nouvelle nuit.
Je m'enroule dans notre lit et m'en fais ma planque.
Je rêve que je cours dans ma cité,
Que je cours après toi sans m'arrêter.
Et je te rattrape et nous nageons ensemble,
En apnée,
À la chasse aux futurs encornets.
Nous nageons ma Charlie,
Comme avant. Toi, moi, les enfants,
Les petits enfants...
Quand on nageait ensemble Ma Charlie...
Dans les rues de ma cité.
Bonjour, après lecture de ce texte, j'ai envie de vous donner l'extrait d'un poème de René Char qui s'appelle "Allégeance". Il y a un thème identique :
· Il y a environ 12 ans ·" Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas".
Christophe Dessaux
superbe musicalité
· Il y a environ 12 ans ·cdc
reverrance