Dans ses yeux

kelen

J'ai troqué mes oeillères contre des oeillets

Pour voir enfin à cent quatre vingt degrés.

Depuis j'ai croisé tant de regards

Que je me sens comme du papier buvard.

J'absorbe ce qu'il y a dans leurs yeux

Dans leurs petits réceptacles oculaires

Comme si leurs regards étaient des pieux

Prêts à m'lacérer de l'iris à l'arcade sourcilière

Il y a l'oeil de verre au cœur de pierre

Qui fusille ceux qui viennent des autres terres

Son iris ne fabrique que des tasers

Prêts à flinguer tous les p'tits beurs

Il vise autant qu'il dévaste l'humanisme

One shot dans l'innocence par pur cynisme

Il n'y a pas que les mots qui meurtrissent

Il y a surtout les mégots laissés dans les iris.

Combien d'heures tristes aux larmes anthracites

Passées à aiguiser un regard d'anthrax raciste ?

Il y a l'oeil de fer au cœur métallique

Qui percute les barres hlm comme un névrotique

Parfois des cieux, parfois des abymes

Dans ses yeux, je vois bien qu'il s'abîme

Qu'il s'y abat la foudre, quand les coups fusent

Et que trop de coups de foudre le désabusent

Quand les muets se mutilent de désespoir

Il ne reste que leurs pupilles encrées de noir

Pourtant, parfois les muets deviennent mutins

Quand leurs regards perforent les petits matins

Il y a l'oeil de braise au cœur des flammes

Qui s'embrase pour toutes les femmes

Celui là caresse des visages comme des vestiges

Conscient qu'il casse autant qu'il voltige

Un peu de charisme mais peu d'âme

Voilà un œil qui fragmente tant de dames

Que son iris abrite un cimetière d'amalgames

A force de forcer le canal lacrymal

Il va se claquer le nerf poétique le petit mâle

Il ne restera que des cailloux dans ses yeux

Et peu de mots pour dire je t'aime à ses yeux bleus.

Il y a l'oeil doux aux lueurs blafardes

Qui dissimule tant de peine dans sa mémoire

Celui là tapisse les cœurs d'une amitié éternelle

Quand tant d'iris laissent purger leurs haines

Il brise les chaînes et les regards hostiles

En tarissant la source des esprits futiles

Dans ses yeux, moi j'y vois de la paix

Juste un peu de calme et de sérénité.

C'est le regard des pères et des mères

Qui cautérisent nos iris écorchés par nos viscères.

Tant de regards qui s'glissent sous mes paupières

C'est autant d'étoiles dans un ciel post-nucléaire

Y'a peut-être plus grand chose à sauver dans c'monde

Mais ces regards me percutent comme une onde

Out of control, l'iris détraquent mon plexus,

Comme si le khôl m'poussait au collapsus.

Ma pupille crachote des grenades

Quand dans ses yeux... il me taillade

Ma pupille souffle une salve de tendresse

Quand dans ses yeux... il me caresse

Je suis dans ses yeux...

Dans ses yeux, je suis.

Je suis celle qui ouvre les yeux

Même si ces pupilles supportent des pieux

Oui, je suis celle qui ouvre les yeux

Sur la beauté de la vie.

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