de la dématérialisation

divina-bonitas

témoignage

En ce moment, nombre d'étudiants terminant leur 3° année de licence postulent pour des masters 1 devenus hautement sélectifs du fait de la dernière réforme.


Avant on envoyait un dossier papier, aujourd'hui la dématérialisation a fait son œuvre et chaque étudiant doit passer par une plateforme, la plus utilisée par les facs étant ecandidat.


L'étudiant crée un compte à partir de son adresse mail et obtient un identifiant associé à un mot de passe afin de se connecter. C'est parti...ou pas! Ça marche...ou plus. Un coup la machine affiche un message d'erreur abscons du style le login est invalide pour cette campagne. Qu'est-ce que ça veut dire en clair? Quelle campagne? Où sont les oiseaux et les marguerites? Redemander un identifiant ne fonctionne pas mieux car subitamento, la bête ne reconnait plus l'adresse mail initiale. Seule solution: recréer un compte pour chaque fac à partir de la même adresse mail qui dans ce cas est reconnue (!!!) sans être certain de la manœuvre et au prix d'un nouveau tour de manège dans une liste sans fin de données personnelles à remplir...quand la machine le permet. Impossible par exemple de remplir un cursus post bac avec comme seule solution une liste de lycées pré-bac ou de mettre une moyenne de licence qui n'est pas terminée.  Il sera ensuite impossible de mettre la bonne moyenne car le système a validé le dossier...pourquoi est-ce que je soupire?


Et en cas de bug, pas d'assistance téléphonique. J'ai mis trois jours à essayer de savoir qui était responsable de cet engin moderne, appelé le ministère des études sup avant de m'entendre répondre que ce problème n'était pas de leur ressort.


En fait les soucis sont nombreux et pour cause, car si les nombreuses consignes de mises à jour et installations d'améliorations données aux gestionnaires que sont les universités ne sont pas faites selon les justes process, le système marche sur 3 pattes comme une bête blessée.


Mais à qui le dire? Pas d'assistance téléphonique, les secrétariats des facs renvoient sur une adresse mail de SOS un étudiant en détresse...j'imagine bien la tête du responsable informatique de la fac si un étudiant vient lui dire qu'il n'a pas installé les mises à jour ad hoc, les fichiers recensant les facs de France, le service de reconnaissance des identifiants nationaux étudiants...sans exclure le fait que certaines universités n'ont juste peut être pas l'équipement informatique pour le faire, supporter certains développements, le budget pour s'équiper mieux, acheter la dernière version...


Pour m'amuser parce que c'est mon premier métier, je suis allée jeter un œil sur la structure même de la base de données en ligne...j'aime bien ces arborescences tarabiscotées, ça me détend les neurones. Je voulais confirmer ce que je redoutais: au cœur géographique de la base se trouve la candidature et pas le candidat, ce qui explique que pour candidater à plusieurs masters dans la même fac, les gamins sont obligés de joindre des tas de fichiers identiques en perdant un temps fou. Comme Pénélope, ils doivent mettre 5 fois leur CV, la copie de leur bac, de leur pièce d'identité, leurs relevés de notes des dernières années, un questionnaire comme ceci...pas étonnant ensuite que le système plante. Trop de données, de fichiers...la machine frise l'overdose, dégueule de données surnuméraires.

Il aurait fallu y penser avant, à l'ergonomie de la base, à l'utilisateur final sujet au lieu de privilégier l'objet. Ce qui me fait râler est que j'avais déjà ce type de débat il y a 30 ans avec des informaticiens chevronnés. Toujours ce problème d'approche. J'ai toujours conçu des bases de données en pensant au résultat final et aux utilisateurs avant de détricoter le truc informatiquement à l'envers, quand la majorité des hommes de l'art avec qui je travaillais partaient de schémas en essayant ensuite de bidouiller le bazar pour que ça soit fonctionnel pour l'utilisateur. Démarches inverses, querelles récurrentes entre analystes humanistes soucieux de communiquer clairement et raisonnements techniques en cascades. Cerveaux inversés? Le mien part de la rivière pour remonter à la source quand d'autres partent de la source et descendent à toute berzingue la montagne pour arriver où?


Le souci dans tout ça est que ce sont les étudiants qui s'arrachent les cheveux derrière leurs écrans alors que certains sont encore en phase de partiels, ainsi que leurs parents quand ils sont comme moi, bien conscients de la difficulté à intégrer en sortie de licence un master sélectif, ainsi que de la nécessité conséquente à multiplier les candidatures aux quatre coins de l'hexagone pour améliorer les chances d'admission dans un cursus qui ne soit pas une voie de garage.


Ouf, soyons positif, il reste quelques facs qui ont choisi un mode d'admission différent. Je compte sur le Béarn, mes racines, pour accepter mon valeureux poussin. Ce serait bien loin de la maison, snif...mais là bas il y a l'océan pour le surf, les Pyrénées pour le snow...et Lourdes à proximité! M'est avis qu'on va en avoir besoin...






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