De la neige

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  La neige se présente en cristaux étoilés ou prismatiques, ou alors en flocons, très jolis aussi. Comme, pour faire la différence, il faudrait regarder tomber la neige au microscope, ce qui est malaisé, autant dire qu’on s’en fout.

  La neige possède de curieuses propriétés. Ainsi, sa libido élevée détermine des températures très basses, alors que chez l’éléphant adulte, c’est l’inverse. Bien qu’à la réflexion, je me demande s’il ne faudrait pas lire « albédo » à la place de « libido ».

  Certaines neiges ont ceci de commun avec la connerie qu’elles sont éternelles. Elles montrent leur derrière au réchauffement de la planète, en ricanant bêtement.

  La fonte des neiges n’étant nullement un alliage de fer et de carbone, on risque, à vouloir en fabriquer, de se couvrir d’engelures et de ridicule. Mais rassurons-nous : la neige est utile à plein d’autres choses. En littérature, par exemple, elle recouvre le paysage d’un blanc manteau. (Jamais d’un manteau blanc : attention). Elle est également très pratique pour faire « crisser » les pas des protagonistes. Le gravier aussi, et c’est bien contrariant, car comment, dans ce cas, reconnaître à coup sûr la neige du gravier ?

  C’est très simple. Prenons un skieur, que nous placerons en haut d’une pente pentue à l’extrême. Imprimons-lui une violente poussée dans le sens du pentu. Si on le récupère couvert d’ecchymoses, grommelant des propos désagréables ayant le Bonguieu et la propreté douteuse de certains établissements de tolérance pour cibles, c’était du gravier.

  On peut façonner, avec la neige, de très jolies boules, de la taille d’une boule de billard, que l’on s’amuse à projeter à la tête de nos contemporains. Comment reconnaître une boule de neige d’une boule de billard ? Prenons un skieur. Pourquoi un skieur ? Parce qu’on en a un sous la main, le même que tout à l’heure, il est encore sur place en train de panser ses plaies, il ne bouge donc pas trop, ce sera plus facile pour l’atteindre. Jetons-lui une boule de billard entre les deux yeux. S’il devient borgne, c’est que vous aurez mal visé.

  Pour les peintres, la neige est source de joies infinies, surtout lorsqu’ils possèdent de la peinture blanche en surplus. Ou bien lorsqu’ils n’ont plus de peinture du tout. Il suffit alors de laisser la toile blanche, et le tour est joué. Comment reconnaître une toile blanche peinte d’une toile blanche non peinte ? Prenons un skieur. Non, c’est idiot. Et puis si, après tout, il est là, autant l’utiliser. Appliquons une toile sur son œil meurtri. S’il reste d’une vilaine couleur bleu noir violacé, vous aurez utilisé la toile non peinte. Il ne vous restera plus qu’à porter plainte pour escroquerie contre l’individu qui vous l’avait vendue à des tarifs élyséens.

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