De l'autre côté...

Tout commence comme tout finit… la vie ou la mort, dans un cri, un râle. L'amour ou la haine, dans un instant suspendu, juste avant que la foudre tombe ou que le verre se brise. Et cette chanson qui nous fait danser, s'achève comme elle démarre. Electrique, elle nous saisit par la taille et nous fait bouger, nos regards sont accrochés comme mes yeux devant ce miroir. Tu me ramènes à moi-même, à mes peines, mes peurs. Mes rêves envolés. Je veux sentir la vie grandir en moi, mais tu m'aspires dans ton monde d'ombre. Et je meurs doucement, j'attends patiemment que la nuit arrive. Et qu'elle m'offre la douceur de te retrouver de l'autre côté. Comme plongeant dans l'immensité du miroir… dans cet endroit silencieux. Sombre, en suspens. J'attends que ta main se pose sur moi et me donne vie dans ce lieu que seul ton esprit contrôle. Tu me possèdes… parce que je n'arrive pas à te ramener à la lumière… tu es resté si longtemps de l'autre côté. Retranché. A l'abri des souffrances, et de ses rêves aveuglants. Tu respires doucement, comme un murmure. Et mon souffle se coupe devant cette promesse qui ne vient pas. Alors je t'attends chaque jour, jusqu'à ce que la nuit revienne. Qu'elle s'enroule doucement, que tes mots viennent surprendre mon sommeil et m'appelle à toi… comme un secret, une douce comptine qui me rassure et me fait baisser ma garde. Elle chasse mes peurs et je sens ton souffle sur ma nuque. Je me laisse saisir et bascule dans ton monde. Et la musique recommence. Sur cette note d'amour. Cette rage qui m'anime parce que je veux savoir, j'ai jusque au bout de la nuit pour te ramener avec moi de l'autre côté. Pour t'obliger à me rejoindre dans cette vie qui n'attend que nous… tu dévores mon corps doucement pour gagner du temps… pour ne pas dire ces mots, ceux que j'attends. Tu me fais danser, tu me nourries de tes souvenirs, de tes histoires, tu m'endors doucement, et je sombre enroulée contre toi. Comme un serpent à son arbre. Et quand le soleil se lève, qu'il vient faire briller mes yeux, il est déjà trop tard. Tu n'es plus là. Je me laisse retomber dans ma vie. Prête à attendre la nuit…

Et si cette nuit, je ne viens pas. Si je décide d'aller danser ailleurs. Contre d'autres corps… De m'enrouler et me laisser berner par leurs histoires… si je laisse ma tristesse se noyer dans leurs mains. Contre leurs peaux. Viendras-tu me chercher ? Non, tu resteras de l'autre côté. Tu laisseras la haine m'emporter jusqu'aux remords…. Et je reviendrais à nouveau. M'enrouler contre toi. Parce qu'il n'y a que contre toi que je finis par sombrer. Que mes peurs disparaissent la nuit. Et j'ai cette certitude qu'un matin tu me rejoindras. Qu'on finira cette danse dans mon monde… Alors, je ne vais nulle part. Je t'attends à la tombée de la nuit. Au bord de ce lac… à la frontière de l'amour et de la haine, je me déshabille et plonge. Le souffle haletant prête à surgir dans ton monde. De l'autre côté du miroir. Là où tout commence et se termine.