Déclaration

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Dès que je lui parlais, je crois, y'avait un bout de mon coeur qui se déchirait, comme ça.

Je jouais la fille intéressante, à défaut de n'avoir cette qualité. Je jouais la fille mystérieuse cachée sous ses mèches cuivrées, même si l'on me considérait plus comme la fille bizarre du groupe. Bizarre, asociale, paumée. Celle qu'on ne comprend pas très bien, l'artiste ratée, celle qui ne fait rien comme tout le monde et dont on ne sait pas grand chose, au final.

Je crois qu'on ne peut pas trop lutter contre la nature, malheureusement. Comment on dit déjà ? Qu'elle revient toujours au galop ? Au triple galop, dans mon cas. C'est triste, mais c'est comme ça. Malgré les efforts. Malgré tout.

J'avais besoin de jouer. De séduire. Déjà en couple, mais si malheureuse alors. Qu'est-ce que tu fais ? C'est pas bien. On ne joue pas de la sorte, quand on est en couple. Non. On serre les dents, on se dit que ce sentiment qui nous dévore littéralement passera. Sauf que cela ne faisait que s'emplifier.

Et ça faisait mal, dans tous les sens.

Je me suis remise à prendre soin de moi, inconsciemment. J'ai ressorti mon bustier corseté, pour le porter lors des soirées où il était présent. J'ai lissé mes cheveux, tenté de maquiller mes yeux trop bleus. En me demandant tout bas, va-t-il me voir, ou ne serait-ce que m'apercevoir ? Dis, regarde-moi, j'en ai besoin, tellement besoin. Je t'en prie, jette-moi un regard, juste un seul, que je ne reparte pas chez moi après le dessert, avec ce vide déchirant dans le coeur.

Le soir, en rentrant, je regardais les photos que j'avais prises sur mon ordinateur. J'observais son regard comme un indice. Je souriais lorsque je remarquais un coup d'oeil furtif qui m'était accordé. Un regard malicieux, là, tandis que je faisais semblant d'immortaliser les rires des autres.

Ca se creusait en moi comme un néant.

Un gouffre.

J'écrivais des lettres dorées, qui de toute manière finissaient en miettes et glissaient avec la chasse d'eau. Il ne fallait pas de preuves. Dans mon lit, je me tournais, me retournais, incapable de trouver le sommeil. Amoureuse.

J'ai laissé tomber la séduction.

Je suis devenue la confidente.

Et s'est allé si vite.

Comme ce soir-là. On avait trop bu, avec cette amie. Elle m'avait confié qu'il m'aimait bien. Ca m'avait suffit pour trouver le courage. Un adieu, un bonsoir. Une prise de risque. T'as rien à perdre, de toute façon.

On s'est baladés près du lac, un peu perturbés l'un et l'autre. A ne pas savoir quoi dire. Le silence était agréable.

A midi, je n'arrivais pas à avaler mon sandwich mouillé par la pluie qui s'était manifestée sans mot dire. Ca le faisait rire, aussi, de me voir trembler comme une adolescente. J'espérais lire de la malice, encore. Une malice complice.

La pluie s'est arrêtée. Nous sommes partis dans une forêt, je délirais sur des romans que j'avais lus, je lui disais je pourrais être une héroïne, là, tout de suite.

Il m'a prise dans ses bras, délicatement, comme pour ne pas me faire de mal, et son baiser avait un goût d'espoir. J'aurais pu crever, en cet instant.

Crever de bonheur, comme une idiote.


Depuis, je me dis que tout a été trop simple. Je continue d'avoir le cœur qui se déchire au moindre regard, au moindre mot.

Il faut que je résiste, que je reste là, et pour une fois dans ma vie, profiter sans rien gâcher. Laisser l'histoire s'écrire, et accepter le fait que rien ne sera jamais acquis.

Mais parfois, j'ai envie de filer, comme une méduse conne et transparente.

Filer parce que je crève de peur, parce que je ne supporte pas d'être devenue si vulnérable.

Filer et m'enfuir dans une nuit trop noire pour être retrouvée, afin que tout reste magique dans mes souvenirs, que jamais nul drame ne vienne tout gâcher.


C'est un peu du grand n'importe quoi ce texte.

Des confettis de mots dans tous les sens, des lettres-anomalies qui s'accordent mal, comme des notes de musique un peu trop aiguës.


Pas besoin de chute, de morale, ou de conclusion.

Je voulais juste laisser notre trace quelque part.

Et si tu trouves ce texte, par hasard, un soir ou un matin, alors tu sauras que le problème, ce n'est pas que je ne t'aime pas assez.

C'est que je t'aime trop.

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