Innocent déjeuner
Ephraïm Fulcrum
Il faisait encore chaud en ce début octobre. Une brise fraîche et sucrée parcouru la grande salle du restaurant, ouverte sur l'extérieure des deux côtés. Le déjeuner était presque terminé. Ils avaient parlé affaires, chiffres, entreprises, comme souvent. A ceci près que, pour la première fois, ils s'étaient parlé entre égaux. Il y a peu, il était le patron et elle, la collaboratrice. Camille appréciait ce changement. Elle se sentait sûre d'elle, forte, plus femme que jamais, loin de cette jeune fille timide des premiers jours. Marc était déstabilisé. Il n'était plus celui qui sait et qui dirige. Il devait accepter d'elle cette nouvelle indépendance. Mais au fond, il gagnait au change : entre égaux, le désir est permis.
Camille avait changé. Ses cheveux détachés frémissaient légèrement. Ses lèvres écarlates semblaient une invitation au plaisir. Il parcouru d'un regard appuyé son décolleté, cette chute libre de désir sans fin. Il admirait cette peau si blanche, si ferme, exposée à son regard, du cou fragile aux bras nus. Il s'évadait dans ces yeux clairs. Ils semblaient lui donner l'autorisation.
L'autorisation de la prendre dans ses bras, de saisir fortement sa nuque, de lentement remonter ses cuisses jusqu'à son entre-jambe glissant. Elle ne portait pas de culotte. Il dégagea son sexe douloureux car trop tendu pour entrer en elle. Il l'embrassa de petites lapées portées sur ses lèvres offertes. Elle dégagea son visage pour étouffer un cri de plaisir alors qu'il saisissait sa poitrine menue. Il donnait de large coups de reins, amples et profonds. Elle criait de plaisir. Il jouit puissamment.
La brise légère déplaça une mèche de sa frange trop sage. Le garçon arriva à hauteur de la table pour s'enquérir du choix des déserts. Camille regardait ces traits d'homme mur portant beau, cette peau buriné et pourtant si douce, ces yeux transparents. Après toutes ces années de service, c'était elle qui décidait désormais. Il était évident qu'il la déshabillait du regard - et même plus. Elle avait tout fait pour. Le choix du lieu, de l'invitation, sa robe blanche qui ne laissait rien perdre de son corps. Ses tétons étaient durs sous la robe ajustée. Son sexe humide. Il était difficile d'imaginer que Marc puisse manquer ne serait-ce qu'un détail de ce tableau d'excitation clinique. Elle n'aspirait plus désormais qu'à une seule chose : exploser le désir contenu, jeter à terre la table qui les séparait et le recevoir jusqu'au dernier atome.