montjoie
petisaintleu
Je suis entré dans la basilique. De ces gisants, au sommeil royal et éternel, plus d'un millénaire m'accompagne dans un écho cryptural. C'est reposant, à priori. Tellement calme que je m'écroule en pleurs. C'est comme un appel d'air. Par la différence de pression d'avec les bruits de la rue qui me sont devenus assourdissants, mes larmes ont jailli.
Quelques crépitements d'appareils photo et des chuchotements de touristes qui, en se mêlant, viennent donner l'illusion d'un langage babylonien. Allongé sur quatre chaises, un homme est endormi, le bienheureux. Une Caribéenne est plongée dans son évangile. Il en est ainsi. Les Européens ont déserté dans l'urgence de la matérialité. Je l'envie ; elle a l'air si calme. Je voudrais lui demander comment elle a trouvé le chemin d'une telle sérénité.
Mais j'ai honte. Je ne me sens pas légitime. Je la laisse dans une paix béate qui n'est pas mienne.
Je te le dis de suite, que je plante le décor. Je ne suis pas venu par hypocrisie me jeter au pied de l'autel pour réclamer des lendemains qui chantent, camarade. Mais tu le sais, je ne t'ai jamais renié. Tout au fond de mon for intérieur, tu luis encore. L'espoir qu'un jour je te retrouve.
Il est ainsi hors de question que je te prie pour préserver un bien-être matériel que je sens prêt à vaciller. Bien sûr que j'ai peur. C'est humain. Si j'étais un surhomme, je ne serais pas ici.
Bercé par la quiétude des lieux, je comprends ce que je cherche. Trouver la voie de ceux qui ont su lâcher prise dans la foi de la vie après la mort. À vingt ans, je trouvais ça con. Avec l'âge je peux admettre que le jeu en vaut la chandelle. Je présume que mes propos peuvent te paraître bien orthodoxes. Je suis comme un tétraplégique à ton egard, un bateau ivre. Le capitaine de mon propre destin, je me refuse au jansénisme, doit retrouver les cartes qui mènent vers l'espérance.
Il y a bien longtemps que je ne me suis pas plongé dans tes écritures. J'ai préféré des littératures plus séculières. Parfois, je t'y ai croisé. Bien souvent, tu etais moqué, méprisé ou pastiché. Rarement l'inverse et, quand c'était le cas, je le prenais avec suspicion. Nous avons toutefois écrit quelques lignes ensemble dans un archipel lointain. Tu m'as vu agir. C'est notre jardin secret.
Un homme s'assied juste derrière moi. Je me retourne et je sursaute. Il est noir. Pourquoi cette proximité alors que nous sommes une poignée à être assis ? Il me sourit. Entre l'étrange et le mystique mon coeur balance.
Laisse moi réfléchir. De ton côté fais un effort, pour que tu deviennes une évidence. Le reste suivra.
Je reviens ici te voir pour te dire que ton titre me fait penser à Montjoyer et qu'il existe une très belle abbaye à visiter. Si ça te dit d'aller t'y promener, qui sait...
· Il y a environ 10 ans ·Apolline
Chacun croit facilement ce qu'il craint, je sais ce que tu crains et ce qu'il désire... Je crois savoir (un peu) ce que tu désires. Si tu penses qu'il est peut-être une évidence, je ne sais plus qui disait qu'il était comme le soleil, qu'il frappait à toutes les portes. Ton texte est très beau, il donne de la profondeur à tes pensées... personnellement je ne crois pas en un Dieu de guerre, de pauvreté et de famine mais bon c'est mon choix... L'esprit souffle où il veut... tu peux brûler un cierge à Dieu et... deux au diable...oups... Kiss
· Il y a environ 10 ans ·vividecateri
Un très beau texte !
· Il y a environ 10 ans ·veroniquethery
Je sais pas ou tu veux vraiment en venir, mais c'est vachement bien écrit en tout cas...
· Il y a environ 10 ans ·arthur-roubignolle
Tu as raison mon bel Arthur, Kiss
· Il y a environ 10 ans ·vividecateri
L'évidence, c'est que tu es loin d'être seul... Je viens de voir dans ton texte très beau d'ailleurs pleins de guides ailés qui t'attendent pour se manifester...
· Il y a environ 10 ans ·Apolline
Si ça pouvait être vrai ...
· Il y a environ 10 ans ·petisaintleu