Dépit

J'ai peur du manque.

J'ai peur de me manquer.

Au moins quand il me ment lui

Je sais déjà la vérité

J'ai peur du vide.

J'ai peur de me vider.

Comme on autopsie les viscères

Des cadavres mort-nés

Alors je vérifie quinze fois

Et je claque des dents

J'ai toujours froid

Ca glace là dedans

Alors je vérifie quinze fois

Que c'est pas encore la fin

Mais au fond de moi

J'sais bien qu'y pas de demain

Car y'a plus rien dans le frigo

Et les factures sont pas payées

J'suis proche du zéro

Et y'aura personne pour m'sauver

Quand les agences de notation dégradent

Des milliers de vies

Tout comme ce pauv'mec dégrade

Le corps de son amie

J'sais vraiment qu'tout part en vrille

Et qu'tout le monde s'abîme

On bat plus des ailes ici

Y'a plus que les cils des belles filles

Qui s'emballent pour un merci

Et la pluie tombe

Comme elle fait depuis toujours

Sans voir la tombe

Que je creuse pour m'y noyer

Hécatombe.

Au secours...

Moi j'suis rien,

Et je me désagrège

A coup de rein

Quand il me piège

Mais j'ai pas peur

Ni de lui, ni des autres

Ca me fait rien

D'être l'ombre d'une autre

Moi j'suis rien,

Qu'un numéro qu'on taxe

Quand ma syntaxe s'héroïne

Dans mes synapses

Moi j'ai pas peur

Mais c'vide il m'impressionne

Quand on croit en rien

Y'a plus que de la rancoeur

Dans l'téléphone

On s'envoie des messages de haine

Quand la sagesse se fache

Moi j'mérite pas ce que je sème

Y'a qu'du sang dans l'hypertexte

Y'a qu'des déchirures dans le thorax

Alors j'suffoque

Avec le sourire,

Celui que portent

Les pantins de cire

Vide d'expression

Vide de passion

Me voilà sans vie

Sans possible rémission

C'est fini j'te dis

Dans la mer bleu cyan

Y'a plus qu'du dépit.