Adieu, mon amour

lune-noire

Je suis assise sur un banc, à l'université, avec pour seul compagnon, un bouquin de langue espagnole. Je regarde les gens passer, j'essaie de deviner un peu quelle est leur filière. Je me rends compte que je ne suis pas du tout concentrée sur mon livre.

Quelqu'un s'assoit à côté de moi, à l'autre extrémité du banc. Je fais semblant de n'avoir rien remarqué, je me cache derrière ma longue crinière brune. Je le vois se rapprocher, un frisson me parcourt le corps "Qui est-il?" je pense.

-Salut, je peux te poser une question?

-Je t'en prie! Je réponds avec une certaine aisance, avant de me tourner vers cet inconnu.

Il est brun, plutôt petit, plutôt bronzé, plutôt canon. C'est alors que je le reconnais : Julien. Mon Julien. Mon éternel grain de folie. Ma douce violence, ma rébellion.

-Qu'est-ce..qu'est-ce que tu fais là? J'essaie d'articuler correctement, sans penser à mes pensées.

-Je t'ai vu,je me suis assis, tu m'as manqué.

Je ressens le besoin de me rapprocher de lui, mais je n'ose pas. Il y a cette barrière infranchissable entre nous, et je ne peux pas la défier. Elle est trop solide pour moi.

Il ne sait pas combien j'ai pu rêver de ses lèvres, de ses bras autour de mon corps, de nos étreintes amoureuses à faire baver les passants. J'ai envie de plonger ma main dans ses cheveux bruns, de m'accrocher avec volonté à son cou, de poser mes lèvres sur ses joues, dans sa barbe, puis sur ses lèvres finalement. Il n'imagine même pas comment j'ai pu fantasmer maintes et maintes fois sur son corps. Je disais m'en foutre de sa musculation, et que pour moi il était bien comme il était, mais chaque fois qu'il me montrait une photo, j'en bavais, j'en mourais d'envie, j'en fantasmais. Je voulais qu'il m'appartienne, et il s'est pourtant défilé.

-Je t'ai manqué, mais pendant que je te révélais mes sentiments, toi, tu m'as sorti que tu cherchais des parties de jambes en l'air. Tu savais dès le début que ce n'était pas dans mes intentions, tu m'as fait plonger dans la folie, je t'ai apprécié, adoré, puis je suis carrément tombée sous ton charme, et toi, t'en avais rien à foutre. Tu voulais juste me sauter. T'es vraiment qu'un pauvre connard en fait. T'es un imbécile, un enfoiré. Tu m'as rendu dingue alors que tu savais qu'on ne pouvait pas se donner l'un à l'autre.

-Et maintenant, si je te propose une partie de jambes en l'air avec sentiments, tu me réponds quoi?

-Je te réponds que le temps n'a pas changé, que je suis toujours aussi accro à toi, que je tremble de partout dès que je te vois, que j'en peux plus, que j'ai envie de te sauter dans les bras dès que je te vois, que je ne peux plus me passer de ton parfum. Que tu m'es vital, que j'ai besoin de toi, jour et nuit. Je crois que même si tu t'es éloigné de moi, je suis toujours aussi dingue de toi. Tu t'es barré comme un lâche. Alors franchement pour ta partie de jambes en l'air, je te réponds juste d'aller te faire foutre.

Je décide de quitter le banc sur lequel je me trouve. Je me sens à présent maussade, mal à l'aise, et tellement nulle d'avoir réagi comme ça. Ça a toujours été ainsi avec lui. Dire non est un regret. L'envoyer bouler est un regret. L'ignorer est un regret. J'ai toujours tout regretté avec lui. Même quand je savais que c'était ce que j'avais de mieux à faire. Je me trouvais vulnérable, faible, comme un insecte que l'on écrase & qui ne peut pas contre-attaquer.

Je l'entends me courir après, comme je l'ai trop fait par le passé pour lui. Je sens ses bras autour de mes épaules, je m'embrase soudainement. Je suis encore en train de perdre le contrôle de moi-même. Résiste merde. Résiste. Sors de ce cercle vicieux.

-J'en ai rien à faire de tout ça. Tout ce que je veux, c'est toi. Pas ton corps ou tes formes, je m'en fous de ça, je m'en fiche royalement. Moi ce que je veux, c'est que nos lèvres ne soient plus capables de se quitter. Je veux que tu passes tes journées à me chuchoter des "je t'aime". Je veux que tu ne te lasses jamais de mes câlins. Je veux que l'on s'aime ouais. Parce que pendant tous ces mois, on a joué, et je sais que c'est de ma faute. Je ne suis qu'un pauvre raté, un bon à rien de toute façon. Je t'ai jamais dit comment t'arrivais à me rendre fou. Tu me regardais avec des yeux qui pétillent, et à aucun moment j'ai réussi à te dire que j'étais raide dingue de toi, depuis la première fois où j'ai cliqué sur ton profil facebook. T'as le droit de me détester, je sais c'est vrai, je suis un réel connard. Mais j'ai besoin de toi plus que quiconque, parce que je suis moi-même avec toi, parce que je ne me sens pas comme un pauvre raté. T'arrives à me faire vivre tu sais. J'arrive à respirer et à être heureux. Je crois que je n'y arriverais pas sans toi. Ou du moins, plus. Dis quelque chose, tape-moi, hurle, fais quelque chose, je dépends de ça.

-Et moi, j'ai dépendu de toi pendant huit putains de longs mois, tu te souviens comment t'as pris la fuite quand je t'ai révélé ce que je ressentais? Tu crois que tu ne m'as pas fait mal? Tu crois qu'on pardonne les choses comme ça? Tu comptes encore te foutre de moi combien de temps au juste? Un mois, trois ans? Je t'ai aimé putain. J'étais vraiment seule contre l'avis de tous. Je m'en foutais de briser les interdis. Je te voulais toi, je m'en foutais du reste, mais t'as trop joué avec moi, c'est trop tard Ju. C'est à mon tour de partir!

Je me glisse une dernière fois au creux de ses bras. Nos lèvres se trouvent, le baiser est ardu, à la fois tendre et passionné, à la fois doux et violent. Tout se mélange au fond de moi, je sais ce que je ressens pour lui, mais je ne peux pas me laisser faire. Tant pis. Après tout, qu'est-ce qu'un nouveau tour de cercle vicieux? Non, je ne peux pas, c'est trop dangereux pour moi.

Tout en me détachant délicatement de lui, je lui murmure un "Je t'aime", avant de partir, sans me retourner cette fois.

  • C'est comme cela qu'on commence à se protéger des sentiments trop exaltés. Bel itinéraire dans la relation amoureuse.

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Corbis 42 24047422

    Cleo Ballatore

    • Eh bien oui, c'est exactement ce que je fais en ce moment! Je pense qu'il faut savoir dire stop, même si ça fait mal de toute façon! Merci pour ton commentaire en tout cas :)

      · Il y a plus de 9 ans ·
      Largea

      lune-noire

  • Tu vas croire que c'est pas objectif, mais au-delà de l'histoire je "juge" les mots et... WAW.

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Cat

    dreamcatcher

    • Ah merciiii! C'est écrit avec les tripes haha!

      · Il y a plus de 9 ans ·
      Largea

      lune-noire

    • ça s'ressent ouais :)

      · Il y a plus de 9 ans ·
      Cat

      dreamcatcher

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