Des filles et des gars.

Pour les gars c'est une pause obligée

Les filles le savent bien et aident un peu le vent pour soulever leur jupe.

Aux moissons ou au vendanges, c'est toujours la même histoire.

On se retrouve au soir autour des grandes tablées, le festin n'est pas que dans l'assiette.

Les gars, un peu éméchés, se penchent sur les corolles sans façon.

Les filles jouent les prudes pour mieux attirer le chaland.

Un jeu qui jamais ne sera démodé.

Les belles effarouchées ou espiègles jettent les nasses, piéger les hommes c'est pas bien compliqué.

Un sourire complice ou une moue préméditée.

Le combat est inégal.

Et les nigauds succombent comme prévu. 

Les anciens s'échauffent et retrouvent un instant leur jeunesse perdue.

On allume des feux la nuit venue.

La musique se fait plus endiablée, et les danses pareil.

Le curé a trop bu et somnole sous les lampions, les vieux ont entonné le concert des ronflements

Les femmes restent vaillantes et lucides, comme d'habitude, elles seront les dernières à se coucher, pour ranger le bordel et calmer les esprits.

Les jeunes sont partis dans les champs en pleine nuit, une valse éternelle dont chacun se souviendra la vie entière.

Les matrones ont nettoyé les casseroles et couché les bambins, toujours les mêmes qui travaillent.

Mais elles ne sont pas tristes et fêtent à leur manière l'inconsistance des hommes, tout en bénissant Dieu d'une vie pas si mal en fait.

Les jeunes sont revenus au petit jour, chacun sa chacune, le petit train de la vie, les peines d'amour perdues viendront plus tard, tout ce petit monde va festoyer encore, car la fête est loin d'être finie.

Le curé se ressert un petit Armagnac, il va marier tous ces jeunots dans l'année, il n'y a pas plus belle vocation !

Le soleil s'est levé, tout le monde est retourné au champ et n'a pas vraiment l'esprit au travail.