Desir

Eric

Mes pas promènent mon esprit vagabond le long d'une plage bretonne éclaboussant de son soleil d'été les corps à demi nus offerts à mon regard curieux. Je m'amuse à explorer la diversité des formes comme un voyageur sans âge que l'on aurait pas invité à la fête. Mes yeux bondissent de corps frêles et fermes de jeunes femmes dont la silhouette semble parfaite aux femmes plus mûres qui savent, comme pour contrer le temps, dégager une sensualité de celles qui connaissent les hommes.
Anormalement chaud, le temps vire à l'orage, une odeur de goudron et de sel s'entremêlent dans ma gorge, une humidité imprègne le bas de mon dos au fil des kilomètres passés et dans cette moiteur électrique mon propre corps se décontracte malgré l'effort de la randonnée. J'ai envie de prendre le temps, une terrasse semble m'inviter à m'asseoir à cette table face à la mer scintillante de baigneuses aux cris lointains. La serveuse vient à moi, pour nettoyer la table. Ingénue par son âge, insolente de beauté, elle se penche dans une certaine nonchalance et l'échancrure de son débardeur baille largement sous le poids de ses seins jeunes et généreux, et, sans aucune gêne avec délice même et l'assurance de sa jeunesse, elle me sourit et elle sourit de mon regard fiévreux qui plonge dans le gouffre de ses reliefs. Elle sait que je suis hypnotisé par la délicatesse et la blancheur de sa peau qui est normalement couverte. La légère rougeur qui me monte aux joues dénonce mon plaisir et elle en joue, avec pour conséquence de chacun de ses mouvements saccadés, une danse de ses monts que je m'imagine gravir. Une légère sueur dont j'imagine le parcours de sa gorge à ses seins exalte son parfum sucré et quand sa voix quelque peu voilée me demande ce que je désire, ma réponse cachée, ce "vous" que je voudrais susurrer, évoque un désir troublant que je ne peux dissiper. Elle m'a jeté un sortilège, mes doigts effleurent son bras en débarrassant les verres. Son regard brille, elle sait que j'ai envie d'elle, de façon presque animal, là, maintenant…
Pourtant les seuls mots qu'elle emporte dans sa démarche chaloupée presque féline, sont ceux de ma commande alors ma seule préoccupation c'est mon attente impatiente, qu'elle revienne que je puisse à nouveau humer sa présence, que je puisse caresser de mes yeux le doré de sa peau, les courbes de ses épaules et aventurer mon imagination de sa nuque à ses cuisses sans oublier ses fesses rebondies. Elle me sert d'un beau sourire frais et ravageur et prend sa pause amusée sans doute, en face de moi. J'aimerai tant être sa cigarette pour être entre ses lèvres, être ce petit bâton trituré entre ses doigts, ou encore comme ces volutes de fumée et couvrir son corps, qu'elle sente mon odeur entêtante et le poids de ma chaleur dans un corps à corps où le temps n'existe plus, où l'osmose de la mer et du ciel se rejoigne en un point d'horizon. Mes mains tremblent un peu par tant d'envie comme un sculpteur inspiré par cette muse à la beauté si naturelle. Bien sûr cela l'amuse, elle est jeune, pleine de vie et je suis pour elle un lambda parmi tant d'autre, peut être aurai je flatté quelque peu son égo. Alors c'est avec maladresse et rêverie que je pars marcher le long d'une plage bretonne où pleins de corps à demi nus s'offrent à mon regard…

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