Deux tasses

le-fond-et-la-forme

Elle a posé ses lèvres rouges

Sur la tasse blanche

Et a fini d’un trait son café.

Personne ne remarqua rien,

Ni la trace de poudre grisâtre au fond, 

Ni la lettre posée sur la chaise. 

Il est parti aussitôt, insouciant et, 

Il est vrai, bien soulagé.

Il avait vidé les dernières gouttes

De son cœur, ristretto.

Tout était dit, une affaire classée.

Elle est restée là, assise, 

Sirotant ce café maintenant amer et froid.

Statue au regard figé, 

Et dedans, l’esprit affolé, le cœur éparpillé.

Ses dernières paroles résonnaient encore

Gaies, insouciantes et cruelles.

Elle a posé ses lèvres rouges

Sur la tasse blanche

Et a fini d’un trait son café.

Personne ne remarqua rien,

Ni la trace de poudre grisâtre au fond, 

Ni la lettre posée sur la chaise.

(Exposition Photopoésie 1er juin 2012)

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