Digression sur l'Amour et la Muse

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

L'écrivain a sa Muse, qui parfois bien l'amuse. Mais s'il est amoureux, alors il en est d'autant plus heureux. C'est elle qui a alors cette renommée. Il aime la peindre du bout de ses doigts, en l'effleurant. Il aime l'odeur de sa peau, et le goût de ses baisers. Cela l'inspire à en écrire des poèmes fleuris et romantiques. Mais alors s'il la perd, toute sa désespérance prend sa place. Il s'étouffe, son ventre gargouille de cris. Il perd le Nord, il perd ses espoirs. Brouillard, bien noir. L'Amour qui se perd peut être une digression. Une agression. L'écrivain se suicide moralement. Il perd ses moyens, il se sent pire que moyen. Il s'autocritique, s'automutile le cerveau. La fin d'un Amour est sans doute la pire souffrance, avec la Mort d'un proche. Un deuil à faire dans les deux cas. Il espère qu'elle ne le quitte pas pour un autre, il en serait trop jaloux. Il espère qu'elle ne le quitte pas de sa faute, fautes de goûts, fautes des qualités recherchées. Il espère qu'elle ne le quitte pas tout court. L'Amour a les plus belles espérances et les plus belles désespérances. Alors chagrin, il écrit tout ce qui le pèse, qui le lèse. Il se rend malade, il est pâle. Il devient chacal, hargneux de cette vie. Il veut tout envoyer en l'air, maintenant qu'il est noyé. Que faire sans son Amour, que faire de la platitude de la vie, de son ennui. L'Amour choque l'écrivain autant qu'il le conforte. Il faut être très fort, avec ou sans l'Amour. Se faire désirer est tout un art secret. Se faire détester en est un autre

Signaler ce texte