Djihad

estelle2611

Synopsis

A l'époque de Miterrand, des révolutions sociales, de la montée du chômage, du sida, de la marche des « beurs »,  stéphanie, petite fille de 7 ans, enfant martyrisée, voit arriver dans son quotidien, en 1987, un inconnu, un homme étrange : un musulman, un énarque.

Tout d'abord, curieux, l'un et l'autre vont s'observer et se découvrir puis se lier d'une amitié magique. Ils porteront tour à tour, un regard sans concession sur la France de cette époque : naïf, drôle, cruel ou cynique, celui-ci décrit, de manière original, le racisme, la bêtise humaine, l'ignorance.

Confrontés à de nombreuses épreuves à leurs risques et périls, au grand dam de leur entourage et à un monde qui change, leur amitié provoquera une catastrophe et bouleversera, au point d'instiguer : le Djihad.

Et, ce bien avant, les attentats du 11 septembre 2001.

Loin d'un monde manichéen, ce livre évoque les clichés sur l'Islam, la religion catholique, la question de l'éducation et l'émancipation des femmes dans les différentes sociétés, la place des religions au sein du travail.

Début du livre 

Djihad

Introduction

Caen. 23 décembre 1988. Il est 17h.

Les coupes de champagne tintent, les rires et conversations vont bon train à France Télécom car tout le monde se connait depuis longtemps. Chacun parle de ses projets de vacances et cadeaux à offrir à sa famille en vue de Noël.

Une petite fille étrange est proche d'eux. Impassible, elle écoute plus particulièrement, un groupe d' Hommes, avec une petite étiquette rouge collée sur la veste, s'agiter. « défendre », « aider », « Mitterand », « marche sur Paris », tels sont les mots qui fusent. Elle regarde aussi ces mêmes Hommes, aller et venir, vers des femmes.

Quand soudain, la porte s'ouvre, un homme, grand, élégant, apparaît, le sourire aux lèvres, la joie illuminant son visage, accompagné d'autres hommes.

Tout le monde s'arrête puis, les conversations reprennent. La petite fille se sent étrangement attirée par un lien magique à cet Homme.

Il s'observèrent pendant plusieurs heures.

Il ne pouvait s'empêcher de la regarder car elle était la seule enfant dans cette foule. Qui était t-elle ? Quel regard étrange ? Pourquoi ne cessait elle de le dévisager ?

La curiosité poussa à venir lui parler.

Comment t-appelles tu ? Qui es tu ?

Je m'appelle stéphanie ... et j'ai des pouvoirs !

Elle le regardait avec un tel aplomb qu'il sû qu'il ne devait pas rire et devait rentrer dans son jeu, s'il ne voulait pas l'offusquer.

Et bien, moi aussi j'ai des pouvoirs et je te crois !

Et, étrangement, il la crût volontiers lorsqu'elle parlait de ses pouvoirs. Une atmosphère byzarre, se dégageait d'elle. Il n'eut pas le temps de continuer sa réflexion... la petite, trop contente d'interrompre son silence, lui posa, d'un air très sérieux, une question très importante aux yeux d'une enfant :

Tu as fait ta liste du père Noël ?

Non.

Tu as été méchant ?

L'homme rit.

Non, chez moi, je n'ai pas de père Noël !

Quoi, alors comment vis tu ? Tu n'as pas de cadeaux ? S'exclama la petite stupéfaite et choquée !

Non, je ne fête pas Noël.

Mais, c'est pas possible de ne pas fêter Noël.

Si, je suis musulman.

C'est quoi musulman ?

C'est une religion.

C'est quoi une religion ?

Tu fêtes le petit Jésus ?

Oui,

Et, bien, c'est fêter Jésus et d'autres mais d'une autre manière,

Interpellé par ses compagnons, pressés de rentrer à Paris, l'Homme partit sur ces mots, laissant l'enfant sur ces questions et cette rencontre étrange.

Paris. Le 25 décembre 1988, 20h.

Stérile, il avait toujours eu un petit pincement de ne pas avoir d'enfant à lui, même si il avait accueilli dans son foyer, un enfant qu'il aimait comme son propre fils. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Stéphanie, croisée à Caen. Il avait comme un trou béant dans son coeur et ressentait profondément l'envie d'être père d'une petite fille. Alors, il prit cette décision... un peu folle. Il allait travailler dans cette structure à Caen, juste... pour la revoir.

Petite ville proche de Caen. 23 décembre 1988. Il est 20h.

Stéphanie, poussa la porte de sa maison en courant. Ses cheveux bruns flottaient et la bretelle de sa robe descendit un peu de son épaule.

maman, maman....

tu sauras jamais....

quoi ? Ma chérie ?

j'ai rencontré un monsieur extraordinaire : il était très grand et ne fête pas Noël ! il a dit qu'il était mul....man. La petite regarda sa mère avec un grand sourire, fière d'avoir prononcé ce mot compliqué et inconnu.

tu ne veux pas plutôt dire : musulman ?

oui !

et il ne fête pas Noël !!! j'ai jamais vu personne qui ne fêtait pas Noël. C'est quoi être mulman, maman ?

Être musulman, je ne sais pas, mais il y a plusieurs religions qui ne fêtent pas Noël : les juifs...

c'est quoi un juif....

je ne connais pas ces religions et nous n'avons jamais eu de musulmans... à côté de chez nous. Tu as toujours de ces questions. Soupira, la mère agacée.

La petite se coucha le soir même, en n'espérant qu'une chose : le revoir.

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