01 - DJIN ET LES SUCETTES MAGIQUES

— Hey, Djin, tu te salives la bonbonnerie ?

— Tu sais ce qu'elle te dit ma bonbonnerie !

— Djin, tes sucettes pas tes nibards, voyons.

Ça ne ratait jamais, elle tournait au violet… sa sucette j'entends. Elle confondait tout. La bouffe du chien au canari et mon beefsteak au chat. Ce qui fait que je miaulais à longueur de diner et que le canari et le chien cohabitaient… J'en faisais des cauchemars; des canaris à tête de chiens…. Brrr. Pourtant, elle était mignonne Djin, un peu vorace, rechignasse, sourcillasse, nombriliste, cafteuse, coléreuse, boudeuse, égocentrique, mais, tout de même, mignonne. Assez allongée, lors qu'elle daignait se lever de son rocking-chair, ses yeux d'un… hum… pour la suite je vous laisse imaginer une belle fille, dans le genre gros seins, beau cul.

Nous allions fêter, avec les copains, notre première semaine d'anniversaire en couple; une surboum à se défoncer le plume-chameau. Les paris, mais non... pas la ville, allaient bon train. On me jouait à moins d'un mois, maximum. C'est mon pote Alex, le chirurgien, qui me l'avait confié. J'en ai pratiquement fait une crise de cœur, pour Djin bien sûre. Elle me voyait mort depuis trois jours, à se goinfrer de sucettes blanches. Je préfère nettement les rouges vifs, plus... plus… miam, miam, miam !

Djin ne portait que des chaussettes assorties à ses sucettes. Ce qui l'obligeait à un minimum de six douches par jour. J'ai dû réaménager un réservoir d'eau à l'extérieur.

— T'es obligé pour la douche, impossible de sentir des pieds, le peu de temps où tu les portes ces chaussettes. Quelle idée ces variétés de bonbons… bordel de sac magique !

— «Les chaussettes, sa se respecte sinon tes sucettes goûtent pas bon.»

Encore une tirade à écrire dans ce foutu bouquin que je rédige pour elle : «Les maximes d'une sucetière.» ce que je traduisais par «les inepties d'une muletière.» Je cachais ce dernier manuscrit derrière ma collection de romans Arlequin, ceux des années 70. Elle en en était allergique, leur préférant la nouvelle période… Puff du toc… du «Lady Chatterly en string.»   

Un jour, enfin la seconde journée, Djin et moi gambadions entre les rochers d'une putain de montagne, une de ses idées à devenir psychopathe. Après trois minutes, je réclamais une pause. Fort heureusement, mais pourtant, ce dont j'aurais dû carrément me méfier, elle découvrit un sac fait d'un agréable assemblage de pièces de cuir, de denim brossé, de taffetas et de peau de girafe. Vraiment très joli ce butin infernal. Vous l'aurez deviné… Et oui… Le sac aux sucettes magiques !!! Elle l'ouvrit aussitôt. Mon odorat éclata et mon cerveau crépita d'odeurs de citron, de cerise, d'orange, de lime, toutes plus synthétiques les unes que les autres, ce qui fit vomir les sires et les fakirs de l'inter-espace, exception faite de Djin, qui tomba, irrémédiablement, sous le charme. Lorsqu'elle porta la rouge coquin à sa bouche, je compris que je ne pouvais y gagner qu'une seule chose, disons deux… par péché d'honnêteté.  On en reparlera.