Dmitry Masleev - Philharmonie
Laure Cassus
Dmitry Masleev seul au milieu d'une salle jaune et blanche, parcourue de grands nuages oblongs, de balcons oranges en surplombs et petits trous de pluie cubiques enfoncés dans le relief. Un écrin irrégulier d'intérieur organique avec au centre en bas, un terrain de parquet clair et un piano à queue noir. Le pianiste fermant la courbe.
Les mains glissent sur les plaques ivoirées, d'intérieur en extérieur, se posent et amortissent. Les mouvements sont petits, spiralés, ils montent très peu, descendent en caressant, avant d'aller se poser plus loin mais pas trop loin.
Le piano est leur piste, un homme au bout leur traduit la musique.
Deux poussins de plume blanche évoluent sur un souffle de bras conduit par le marionnettiste assis.
Que ce fût Sonata Reminiscenza de Medtner ou Moïse de Rossini, je ne sais plus , j'ai perdu le fil, je n'ai que vu, rien entendu.
J'ai vu un homme au service des notes, un homme portant ses mains de touche en touche dans un mouvement coulant non imposé, sans confrontation ni domination, un homme traversé par le courant de la vie.
Il a tellement laissé de place à ses mains sur ce morceau, qu'il s'en arrache parfois en un soubresaut qui le fait se dresser hors de son tabouret, coupant net le contact d'avec le clavier. Mais il y revient, protecteur et aidant.
Il est jeune, il est de 1988, il de Sibérie et il est discret.
Alors quand il s'engage dans la Danse macabre lisztienne, c'est une armée de forces qui se déchaînent sur le piano. Il les fait caracoler comme s'il adressait un galop mécanique à ce cheval de nuit. C'est là une chorégraphie de bras et mains absolument divine de souplesse, rapidité et fermeté, au service de la composition. Cet homme a transcendé les notes, y a ajouté son corps menu, son esprit délicat et tendre, le monde tout entier représenté, le temps d'un instant, dans le diorama fugace des touches organisées.
La musique était belle comme on dit. Mais les petites mains habiles étaient devenues émanations ce jour là, et elles dansaient pour lui.
Je comprends ton enthousiasme ... il la vit la musique, il est habité ... Un régal, la modeste pianiste que je suis aimerait avoir un dixième de son talent ... Un témoignage qui m'a embarquée, merci
· Il y a environ 8 ans ·marielesmots
Avec plaisir :) Si tu es à Paris il passe encore ce soir et demain à la philharmonie. Les places sont hyper accessibles à partir de 10 euros.
· Il y a environ 8 ans ·Laure Cassus
J'ai lu ton texte en écoutant… Comment cet artiste extraordinairement talentueux m'avait-il échappé ?
· Il y a environ 8 ans ·nyckie-alause
il a remporté un concours russe en 2015, le prix Tchaikovski et il passe encore ce soir et demain jeudi à la Philharmonie avec 4 autres brillantissimes jeunes lauréats. Il reste des places.
· Il y a environ 8 ans ·Laure Cassus