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Donner Vie aux Mots.
atea
Concours - Ecrivez Vous
Assieds toi là, je m'en vais te conter une histoire. Prends place dans ce confortable fauteuil, habite-le de tout ton être. L'Ecriture s'installa de tout son long. La Lecture l'observait. Elle sentit que l'Ecriture s'impatientait. Elle n'avait pas l'habitude de rester immobile. Elle aimait courir sur les lignes, sauter de page en page et voyager sur divers supports. Pourtant ce soir-là, la Lecture avait choisi de mener la danse... Je vais te conter l'histoire d'Axelle a travers ce qui nous lie le plus, les mots. Quoi de plus beau n’est ce pas ?
Tout commence par sa naissance. En fait, pas tout à fait. Il y a forcément une histoire avant sa naissance, mais n’allons pas nous embarquer dans une histoire familiale où les 2500 signes seraient largement dépassés. Donc, ne digressons pas à la première occasion et revenons à nos moutons. Tout commence par sa naissance. Tout commença par la langue. Non, je te vois déjà venir, pas celle qui se trouve dans la bouche. En tout cas, pas celle qui nous permet de goûter la vie. Je disais donc, si elle était une langue, elle serait sans aucun doute celle qu’elle connaît le mieux, celle qui la berce depuis ce jour de novembre mille neuf cent quatre vingt sept. Celle qui lui permet d’exprimer ses émotions depuis qu’elle a vu le jour. Celle qui l’aide à dire des mots doux, des mots durs, des mots coquins. Celle qui l’aide à dire les beaux mots et les maux de la vie. Oui, si elle devait choisir une langue, ce serait la belle langue de Molière, la langue Française. Cette belle langue qui revêtira des intonations de tout horizon tout au long de sa vie, à commencer par l’Algérie de sa nourrice.
C’est ainsi que la transition se fait vers l’Enfance de cette petite fille blonde. Et pour cela, j’ai choisi de l’illustrer par un signe de ponctuation. Pour décrire cette enfance calme, sereine et heureuse, il faut un signe qui soit doux, paisible. Il faut qu’il laisse place à la suite, qu’il s’écoule doucement, qu’il distille de l’espoir dans chacun de ces caractères... Je parle des points de suspension bien sûr. Ils créent un lien avec le futur. Même si ce futur se transforme souvent en point d’interrogation. C’est un peu comme ça que l’on passe de l’enfance à l’adolescence. Les chamboulements, les questionnements face à sa vie. Face à la mort aussi. Celle de son grand père alors qu’elle a 15 ans, la marquera à vie. Encore aujourd’hui. C’est aussi là qu’elle commence à changer de style d’écriture. Les mots l’aident à évacuer ses maux. Mais ses maux créent ses mots aussi. Ces petits textes qu’elle écrivait ici et là, deviennent libérateurs. Ils deviennent violents. Elle se sent éclatée en Mille Morceaux.
A l’image de ce qu’à pu écrire James Frey dans ce roman. Sans fantaisie. Froid. Distant. Douloureux. Les mots sont crus, les mots sont sales. Les mots sont pourtant le propre de l’émotion. Il fait monter une tension, un mal être en nous. Il nous prend aux tripes. Il nous fait cuire à petits feux. Et cette froideur devient chaleur, devient tendre, devient humaine. La désintoxication de notre héros passe par nous. Axelle n’est pas en désintox. Mais elle s’y croit un peu. Son livre, elle ne le lâche pas. Elle le dévore. Il la dévore. Au final, on ne sait pas trop. Ce livre, une fois achevé. Elle pleure. C’est un grand vide. Elle le reprend. Elle le recommence. Elle entame une séparation avec ce livre en se préparant à la fin. Elle l’a lu et relu. Elle le relit encore, il la suit au bout du monde. En français, en anglais. Elle ne se lasse pas de choisir un passage au hasard ou de relire depuis le début. Finalement, elle l’abandonne. Pas le livre, non l’idée de se séparer de lui. Ce livre, c’est un peu sa béquille. Elle régresse quand elle le lit. Elle retrouve une fragilité. Elle n’avouera pas sa fragilité, ça ne serait pas adulte se dit-elle. Mais le passage à l’âge adulte est une étape qu’on ne peut pas vraiment marquer. Il y a les énoncés scientifiques sur le dernier os soudé mais qu’est ce qui fait de nous, un Homme, ou une Femme. Axelle est-elle devenue femme avec sa formation d’infirmière ?
Peut-être pourrions nous parler de ses années grâce à un poème, une épaule sur laquelle elle peut se reposer, qui ne la trahit pas… If de Rudyard Kipling. Axelle comprend l’Anglais. Elle est même plutôt douée et curieuse pour les langues. Encore elles. Pour autant, elle apprécie plus que tout, la traduction de Paul Eluard. Il l’a mise en vers. Il la sublime. Il peut paraître vieillot ce petit poème, mais il lui donne une force. Il lui donne parfois du courage. Il l’a souvent accompagné dans ses moments de colère. Dans ses moments de peine aussi. Dans sa vie quotidienne, elle ne respecte pas beaucoup de choses dites. Elle est amante et folle d’amour, elle peut aimer et se faire détruire, elle peut être en rage et imprudente. Elle est un de ces êtres passionnés. Elle vit les évènements de plein fouet. Elle reçoit des coups de fouet aussi. Elle se brûle les ailes. Elle est soumise à ses pulsions. Et d’ailleurs, elle en a connu des pulsions pendant ses années d’études... Elle s’est lancée à cœur perdu dans cette formation, au grand dam de ceux qui pensent qu’elle est trop sensible pour ce métier. Mais elle est comme ça, notre Axelle. Elle aime jouer avec ses limites. Elle apprend à se connaître de cette façon. A ses risques et périls. Elle ne sait pas rester sage. Rudyard s’arracherait les cheveux. Enfin ceux qui lui resteraient. Durant ces trois ans et demi, ses vrais amants, c’est Nous. Que ses lectures et écritures soient thérapeutiques, estudiantines ou libératrices, elle ne se sent jamais seule dans nos bras. On la rejoint sous les draps. On la prend par surprise. Mais on ne lui fait pas de mal. On l’aime notre Axelle. Et on ne veut pas gâcher ça, on ne veut pas perdre son désir constant.
Désir, Désirs. Parlons-en. Axelle et les Amours, ça a toujours été une surprise. Une énigme. Un peu comme la pièce de théâtre d’Alfred de Musset. Il ne faut jurer de rien. Mais en fait, elle aurait tout aussi bien pu choisir des œuvres de Marivaux. La Surprise de l’Amour. La Seconde Surprise de l’Amour. Le Jeu de l’Amour et du Hasard. Parce qu’elle fut souvent prise et surprise par ses émotions, par Autrui, par Elle surtout. Là où elle pensait, son cœur en avait décidé autrement mais ne lui disait qu’une fois au pied du mur. Que ce soit dans le sens de la rencontre ou de la séparation, la vie lui a réservé bien des surprises. Et lui en réservera bien d’autres encore. On sait comme la vie peut être joueuse…Elle aura beaucoup de relations charnelles. Elle aura très peu d’amis. Elle aura encore moins d’amoureux. Deux histoires passionnées, mais toujours de courte durée. Elle s’y lancera à corps perdu. Comme souvent. Elle se perd pour mieux se trouver. Ce pourrait être son credo. Mais, n’y vois pas là une souffrance. Non, de ces années, elle en garde un beau souvenir… Parce que c’est ce qui fait que sur la dernière année de sa formation, elle rencontre Celui avec qui elle s’envole vers d’autres horizons une fois les diplômes en poche.
Des heures d’avion, deux ou trois escales plus loin et voilà qu’elle se retrouve à des années lumières de sa vie française. C’est le conte L’origine des lignes de la main qui guide Axelle. Nous sommes tous différents mais cela ne doit pas nous séparer. C’est ce qu’elle a ressenti, Elle, la "petite blanche" au milieu de toute cette population noire de peau. Ou chocolat au lait. Elle leur a ouvert son cœur dès le début, elle n’a pas pris de protection. Elle s’est mise en danger peut-être, mais elle ne l’a jamais mesuré. Elle ne s’est méfiée de personne. Et elle a reçu des cadeaux qu’elle n’aurait jamais pu imaginer… Loin des théories aseptisées, elle a goûté à l’essence même de la relation humaine. Elle mesure chaque jour la richesse de son métier, là, avec ses sept tribus. Oui, je dis bien ses tribus. Parce qu’elle le ressent comme ça. Elle soignera des Femmes, des Hommes, des Enfants, des Vieux. Mais, si les soins sont côtés, facturés, ce qui n’a pas de prix, ce sont les Rencontres qu’elle fera. Tous ces mots semblent bien plats à dire et pourtant, leur valeur est inestimable. Pourtant, ce petit coin de paradis aurait pu être le dernier endroit qu’elle connaisse. Elle frôlera la mort en tribu aussi. Une fois. Et elle a failli perdre Celui-là aussi. Elle était prête à Le perdre pour eux. Elle ne sait pas l’expliquer.
Mais elle est restée avec Lui. Elle a rejoint la capitale. Elle les a quitté, un peu. Parce qu’aujourd’hui, elle travaille dans un milieu fermé, où elle retrouve des personnes de tribu. En fait, pour elle, ce milieu est fermé sur l’extérieur, mais ouvert sur l’intérieur, sur l’Être. Au milieu de ces murs, elle continue à être elle-même. Elle ne sait pas faire à moitié. Elle a essayé durant une année, de rester à distance. Elle a essayé durant une année, de maîtriser ses émotions. Elle ne sait pas faire. Un accident a ouvert les vannes. Elle ne s’est rien dit du tout. Elle l’a juste ressenti. Cette corde sensible vibre au son de plusieurs mélodies. Celle de Stir it up, Bob Marley. Celle de Unintended, Muse. Et tant d’autres… Si les textes signifient quelque chose de particulier, elle reste émue par l’harmonie des sons qui révèlent la beauté des mots. Leur profondeur. Leur langueur. Ils la transportent. Elle ferme les yeux et s’envole. Elle trouve toujours un moyen de s’évader, même entre ses murs...
Nous restons ses meilleurs complices. Elle ne peut pas nous dissocier de sa vie. Dans chacune de nos aventures, elle trouve un enseignement, un clin d’œil, un sourire, une épaule. Elle vit à travers Nous, que nos mots soient écrits, chantés, murmurés, écoutés, criés. Elle vit pour Nous.