Dormez-vous ?

sophiea

Sonnez les matines !

Elle est de retour. Ma boule au plexus. Mon angoisse irradie. Elle brûle mes yeux de larmes retenues. Si je les lâche, je lâche et je ne peux pas lâcher. Tenir, pour ma fille en plein examens., pour mon mari démotivé par son travail qui n'est guère vaillant et pour les enfants innocents. Tenir jusqu'en août. Je n'ose compter les jours. Chaque journée semble durer un mois, chaque semaine une année, non mieux vaut ne pas compter.

Plus de sens à mon travail de jardinière d'enfants*. Trop de pesticides, pestes acides autour d'eux. Comment élever un enfant si on est ras des pâquerettes ? Si on ne s'émerveille plus  ni de leur grâce ni de leur audace ? Comment leur donner des racines solides si on est soi-même dénutri ? Comment les voir s'épanouir, si on ne le leur fait que de l'ombre ? Comment les voir s'envoler, si leurs ailes sont rognées ?

C'est cyclique, un matin je me lève et ma tolérance à la bêtise et la non-empathie a atteint ses limites. En général, je cherche un nouveau lieu de travail. L'herbe semble toujours plus verte ailleurs. Mais, les prairies sont brûlées partout. La petite enfance est un terrain miné. Faire plus avec moins de moyens, moins de personnes formées auprès des enfants, un sous-effectif criant et des projets éducatifs plein de belles idées impossible à appliquer.

Comme les hospitaliers et les profs, les pros de la Petite Enfance se meurent. Dans le silence le plus total. Les enfants sont les adultes de demain. Y a-t-il enfin quelqu'un qui les aidera à devenir de bons citoyens ?

 

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