...Ecrire ?

redstars


J'ai plus envie d'écrire. D'envoyer les mots sur la piste de ce bal où je les ferais danser et tournoyer ensemble. Non. Je n'ai plus l'envie. De faire des rimes ou des proses. De laisser courir mes doigts sur le clavier comme si l'on m'avait ensorcelée.

 

Est-ce le manque d'envie, ou juste le manque tout court, le manque de tout ? Le manque d'inspiration, le manque d'idées ? Est-ce la fatigue d'écrire pour rien, est-ce la lassitude des manuscrits retournés à l'expéditeur, est-ce le dépit qui s'est installé, est-ce l'absence de ma muse ?

 

Je n'ai plus envie d'écrire. Les mots doucement se moquent et rient dans mon dos. Je pourrais cracher ma haine encore, cracher la douleur et tous ses disciples. Oui, je pourrais, mais je n'ai plus le goût du drame. Je pourrais noter, noter ou extérioriser, je pourrais essayer d'extraire le dragon endormi qui en moi va éclore et tout enflammer. Je ne sais plus faire tinter l'alphabet. Pour que la partition sonne enfin juste. Je suis juste vide. Vidée. Je ne sais pas trop quel mot vaut mieux que l'autre. Tout tombe à l'eau, tout glisse vers l'océan dans un silence majestueux. Je regarde la scène, tour à tour absente, déconnectée, détachée disons plutôt. Je pourrais graver la solitude. La douleur en dedans. Ou l'incessant ballet des idées tristes et noires. Les espoirs qui viennent tout gâcher. La différence d'avec les autres. Le pessimisme diraient certains. Mon réalisme à moi.

 

Je n'ai plus envie d'écrire. A quoi bon, hein ? A quoi ça sert ?

Un goût amer de terre humide dans le bouche. De l'automne qui glisse en moi. Que j'avale et avale à m'en étouffer. Les mots qui chantent me manquent malgré tout. J'aimais tant être chef d'orchestre, j'aimais tant leur ordonner la poésie. Mais oui je crois que nous avons rompu un matin ou un soir, mais oui, je crois qu'ils sont partis trop loin désormais.

 

J'ai jeté mes piles de manuscrits.

Placé des mots de passe sur les fichiers word.

J'ai arrêté mes carnets divers éparpillés un peu partout.

Reposé mon stylo dans son écrin.

 

Peut-être est-ce un début ou une fin. Je n'en sais rien. Je ne suis plus bonne à rien. Je vais attendre le chant des sirènes.

Peut-être me délivreront-elles…


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