Douloureusement tienne - 1

sugar

15/06/2012


Edouard,


Aujourd’hui cela va faire cinq ans que je suis partie. Et je t’écris. Je ne pensais pas le faire, ni maintenant ni avant, mais je le fais. Je crois que je te dois bien ça Edouard.  Tu as dû me détester, me haïr si fort que j‘crois avoir sentit ta douleur me  parcourir plus d‘une fois, ou bien étais ce la mienne, je ne sais plus. Je ne m’attend pas à ce que tu me comprennes, loin de moi cette idée. 


Tu vois j’ai mûris, je crois, j’appréhende les choses différemment c’est pour ça que je t’écris. J’y ai réfléchi très longtemps, je n’aurais pas eu le courage de t’appeler, d‘entendre ta voix, d‘écouter ton souffle, ça aurait été trop dur, n’y de te voir d’ailleurs. Alors je me suis tourné vers l‘écriture. Tu trouveras ça surement vieux jeux et j’imagine déjà le regard que tu m’aurais lancé. 


Ma vie est faite de ça depuis cinq ans, de sensations disparut, auquel j’essaie inlassablement de redonner leurs saveurs, en vain. D’échos de tes mots contre ma peau, des mots qui ne m’écorchent plus, qui glissent sur moi sans résonner. Je cherche ton regard partout tu sais, je ne l‘ai jamais retrouvé, j’ai jamais pus ressentir à nouveau ces frissons sauvages. Le sexe n’est plus que le sexe, un besoin qui survient, que j’assouvis sans grande conviction, des fois je trésaille et tu reviens, une seconde seulement mais ça m’est suffisant. Ma vie est faite de ça depuis cinq ans. Elle doit paraitre bien fade, elle l’est surement. Je te cherche, mais c’est moi qui suis partie.


Tu dois te dire que c’est tout ce que je mérite, que je suis bien niaise de te chercher cinq ans après, tu es surement en colère, tu dois avoir le cœur percé de douleur, de ressentiment, ou bien tu ne ressens rien, plus rien pour cette femme qui n’est plus qu’un murmure. Je ne sais pas, peut être n’est tu plus qu’un souvenir de l’homme qui jadis me faisais crever de désir, de plaisir. Mais a cet homme je dois cette lettre, même s’il n’est plus. Tu n’auras cas la parcourir et l’effacer, mais lui il aura vu. Je le sais.


J’ai souffert, différemment de toi, mais j’ai souffert. Sache le. Ce départ a été le choix le plus douloureux qu’il m’ait été donné de faire. Ca peut te faire rire, ou t’énerver j’en ai rien à faire c’est ma vérité et pour une fois ouvre ton esprit et laisse moi y faire un pas, écoute moi. Toi ta douleur s’est porté sur la haine, moi sur la culpabilité, je me suis détestée autant que j’ai pus te haïr à cette époque. Crois moi c’est pas peu dire. J’avais beau me dire que ce choix était réfléchi, tout à fait sensé et logique rien ne calmais mes sentiments, ils me traumatisaient, me chaviraient, putain ce que je t’aimais Edouard, ce que je te ressentais ! T’étais en moi, t’étais à moi. J’me suis éteint. Je me suis perdu en plus de te perdre. J’aurais dû le sentir...


Je sais que je suis partie du jour au lendemain, sans rien dire, sans te prévenir, sans aucun signe avant coureur. Je suis juste parti, comme je suis venue, brusquement.

J’étais obligée de partir. J’avais pas le choix, enfin si, mais si j’étais resté on se serait détruit. Tu m’aurais détruit, j’avais pas le choix Edouard, crois moi. T’étais mon tout, mon centre, il fallait que je m’en aille, il fallait que je retrouve mes esprits. Ces quatre années ensemble je ne les ai pas vue passée, on s’est refermé sur nous et j‘ai fermé les yeux, j‘ai savouré, je ne voyais plus grand monde mais j’étais heureuse tant que tu étais là, je ne vivais que par toi. Plus que tu ne vivais par moi. Il fallait que je nous éloigne, pour nous il le fallait. T’étais mon obsession,  j’en pouvais plus d’être sans toi et j’en pouvais encore moins d’être avec toi. C’était trop tu comprends, c’était trop. Trop fort, trop passionné peut être trop vrai pour continuer. Ne te moque pas, je le pense sincèrement.

On passait notre temps a dériver de la passion à la haine je n’en pouvais plus, je te détestais autant que tu m’aimais, je te désirais autant que tu me rejetais. Quand c’était pas moi, c’était toi. C’était fatiguant. Epuisant. J’allais me briser de douleurs puis on se retrouvait, se jetait l’un sur l’autre et je me reconstituais dans ton corps. Tu le sais aussi bien que moi, ce n’était plus vivable. Peut être qu’on aurait dû en parler, calmement, ne pas s’énerver mettre moins de force dans ce que l’on faisais mais ça n’aurait pas été nous, ca aurait été moins piquant, moins renversant. C’était nous mais ça ne pouvait pas durer.


J’ai l’impression qu’on a vécu toute une vie ensemble même si j’en veux plus je sais que tu ne me quitteras jamais, où que je sois tu seras là Edouard, tu es l’homme de ma vie, celui qu’on rêve de voir arriver dans sa vie, mais moi je rêve pas, j’étais pas prête pour toi, t’étais trop pour moi. Et je me tords la nuit, je veux crier de douleur que tu m’entendes, que tu me retrouves, que tu me prennes, je me brise mais tu ne me reconstruit plus Edouard, alors je m’éparpille, je ne suis que milliers de morceaux à la dérivent. Je suis partie. C’est moi qui suis partie, mais a quel prix ! Je vis en dehors de mon corps. Tu m’étouffais mais maintenant j’ai trop d’air et j’en suffoque. J’aurais dû te dire tout ça il y a cinq ans, je le sais, mais j’ai fui, j’ai couru le plus vite possible pour dépasser la douleur, la laisser s’égarer, suis-je bête. Elle, elle m’a retrouvée.

Je suis désolée d’être partie Edouard. Mais je n’avais pas le choix, le prix à payer est dur, malgré tout je me console en me disant qu’au moins on ne s’est pas déchiré, on aurait été très loin, il ne fallait pas qu’on aille trop loin. Je ne l’aurais pas supportée, et toi non plus.


Tu me manqueras, toujours, toute ma vie.


Douloureusement tienne,


Anita.

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