Drame familial(8)

campaspe

Les sept premières parties correspondant aux listes précédentes et voici la suite (partie 8) correspondant à la liste 11.

Partie 1 (liste 2) :

Quand la famille Mc Colleen avait décidé de vendre la maison à un prix dérisoire, Anne avait sauté sur l'occasion tout en sachant qu'il lui faudrait plusieurs mois de travaux pour l'aménager à son goût et surtout à celui de Marc qui savait être horripilant si on ne cédait pas à ses caprices. Or il avait décidé d'aménager une salle de musculation dans le volume perdu de la soupente derrière le canapé d'alpaga et la clepsydre. Anne avait compris qu'il leur faudrait passer leur week-end à casser les plaques de plâtre. Quand le mur céda, elle poussa un cri, en voyant le squelette d'un enfant, encore habillé d'un déguisement de pirate, bandana retenu par un cordon sur l'œil et sabre de carton au clair. Le sol autour de lui était parsemé de coléoptères morts de différentes espèces. Anne comprit qu'elle avait trouvé la dépouille de Ray Mac Colleen junior, disparu quelques mois auparavant. Comment l'enfant était-il arrivé à cet endroit ? il était impossible qu'il y fût parvenu tout seul.

Partie 2 (liste 3)

La police, arrivée sur place, procéda aux premières analyses et donna à Anne quelques éléments sur la famille Mc Colleen : le père tenait une brocante de luxe et parcourait la France et l'Espagne dans son camion pour acheter des raretés. Il se disait que lors de sa dernière tournée andalouse, il avait acheté une mantille sévillane rebrodée de lacets d'or et de diamants, légère comme une caresse et revendue illico aux US bien que digne de figurer dans un musée. Ce commerce lui valait l'animosité des habitants du coin qui voyaient d'un mauvais œil les trésors locaux partir à l'étranger. Fallait-il chercher là l'origine des incidents qui avaient émaillé la vie de la famille : le journal local avait publié la nouvelle de son suicide. En pleine nuit, le synthétiseur s'était mis à jouer tout seul la marche funèbre. Quelques jours plus tard, le système de traitement abiotique de la piscine avait été volontairement désynchronisé et des kilos de chlore avaient été déversés dans l'eau.

Partie 3 (liste 5)

Anne imaginait quelle dévastation avait dû être la disparition du petit Ray pour sa famille. Les conditions abracadabrantesques de la découverte du corps laissaient de nombreuses questions sans réponse : l'enfant avait-il pu se faufiler par un quelconque trou du cul-de-sac sans pouvoir ressortir – auquel cas il aurait d'abord fallu qu'il escalade l'if - ou au contraire avait-il été tué et son corps emmuré dans la soupente ? Et dans le second cas, quel aurait été le mobile du crime ? A côté du corps sur le sol de teck une esquisse représentant les pèlerins d'Emmaüs et un chiffon carmélite imprégné d'huile de castor et d'ail avaient été trouvés. Avaient-ils un rapport avec cette macabre découverte ? Le commissaire Watteau n'arrivait pas à trouver le point de gravité (il disait « le point G ») de cette histoire.

Partie 4 -Liste 7

Les Mc Colleen avaient déménagé en Floride. Watteau qui ne parlait que Volapük et Créole trépignait en attendant les retours d'INTERPOL sur le dossier. Il lui fallait un plan B pour en apprendre plus sur la famille. A l'école il obtint quelques photos de classe représentant Ray Junior : la plupart étaient floues. Le photographe n'était pas un pro et elles n'avaient rien de chefs d'œuvre. Néanmoins elles permirent à l'image que se faisait Watteau de l'enfant de prendre un peu d'épaisseur : sur l'une d'entre elle, habillé d'une sorte de grenouillère, Ray jouait un lapincaché dans une plantation de tabac. Une autre le représentait lors d'une sortie de classe au planétarium et une autre encore en train de faire un exposé de classe. Il dévoilait à son auditoire ce qui semblait être un dessin ou une gravure sur papier vélin. A l'évidence, Ray était un enfant un peu turbulent mais décidé et intelligent. Qu'avait-il découvert ?

Partie 5 -Liste 8

Watteau rentra chez lui au crépuscule. Machinalement, il se saisit d'un paquet cartonné, se versa une ration dans un bol. A la première cuillère il fit la grimace en se rendant compte qu'il avait confondu la boîte de céréales avec les croquettes de son chien Fripouille. C'était bien la première fois, se dit Watteau, que celui-ci boycottait son repas. Soudain inquiet de ce désistement, il parcourut la maison et trouva Fripouille, immobile, allongé sur le tapis. La fenêtre avait été brisée : un voleur était rentré et avait fouillé son bureau, assommant le chien qui l'avait attaqué. Watteau laissa éclater sa colère. Fripouille et lui avaient conclu une alliance. Ce salaud n'emporterait pas cette mort au paradis. Il avait sans doute été mordu car des tâches de sang maculaient le sol. Jugulant sa peine, Watteau sortit son kit ADN. Coûte que coûte il identifierait ce lâche. Le dossier de la disparition de Ray était tombé au sol et les photos enfantines s'étaient dispersées.

Partie 6 – Liste 9

La scientifique avait fait fissa : trois jours plus tard, Watteau trouva une épaisse enveloppe sur son bureau : Encore ému par la mort de son chien, il mit son vinyl favori -une compilation de Woodstock - chaussa ses lunettes et parcourut les documents qu'elle contenait : l'ADN était déjà répertorié. L'homme, Harry Green, avait exercé plusieurs métiers : contrôleur de bus, enrouleur-dérouleur puis responsable du recyclage dans l'industrie papetière, homme d'entretien dans une école. Avait-il choisi de cambrioler l'appartement de Watteau au hasard, ou désirait-il quelque chose de particulier ? Sur la photo anthropométrique, Watteau nota un tatouage rond de la taille d'une pièce de cinquante centimes représentant le symbole de la radioactivité, qui lui sembla familier. Fiévreusement, il se jeta sur le dossier de photos. Sur celle représentant Ray en train de faire un exposé, un homme avec un tatouage similaire ressemblait à l'agresseur de Fripouille. Le cambriolage et la mort de Ray étaient-ils liés ? Watteau allait devoir louvoyer pour résoudre cette affaire.

Partie 7 – Liste 10

Malgré la canicule Watteau était bien décidé à faire toute la lumière sur l'affaire « Ray/Fripouille ». Chaque fois qu'il pensait à son chien, il s'imaginait en exécuteur des hautes œuvres en train de passer le meurtrier à la mandoline ou de l'écarteler. Il avait découvert que peu de temps après la mort de Ray, Green, victime d'une occlusion intestinale, avait quitté son emploi dans l'école. A présent, la police avait perdu sa trace. Mais Watteau, qui avait en commun avec la crépidule de ne jamais lâcher prise, ne s'était pas laissé pigeonner : l'intrusion de Green dans son domicile prouvait que certains employés de l'école étaient restés en contact avec lui. Désespérant de découvrir avec aussi peu d'indices ce qui liait Green au petit Ray, Watteau espérait que par ce ténu pédoncule il réussirait à remonter la piste et à loger Green. Essayant de se calmer, il décrocha son téléphone et demanda d'un ton atone une commission rogatoire.


Partie 8 –Liste 11

Effrayé par la menace d'un procès un des employés s'était mis à table : Il avait aidé Green lors de son déménagement et montra à Watteau sa nouvelle planque. A son retour chez lui, Green se laissa arrêter sans difficulté, se plaignant de l'arbitraire de son arrestation et prétendant que, souffrant d' Alzheimer, il ne se souvenait de rien. Mais Watteau en avait vu d'autres « je vais jouer de l'ukulele et toi, mon coco, tu vas chanter » dit Watteau. « Il serait peut-être temps de penser à un alunissage en catastrophe ! Sans vouloir jouer à la pythonisse, je peux te prédire que si je demande au juge de te poursuivre pour meurtre d'enfant, tu prendras au bas mot quinze ans de tôle. Finis tes rêves de retraite pépère sur la Riviera». Sur de petites frappes comme Green, ce genre de menace faisait en général de l'effet.

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