Du côté des swans.

I'm becoming powerful.

My legs, my stomach, my arms, my mind.

Learning how to love myself.

Depuis quelques mois, je danse.

La pire des danses, la plus rigoureuse, le carcan par excellence, celle à l'opposé complet de ma trame d'origine : le ballet.

De la difficulté de devenir un cygne.

Étendre les bras, cinq positions, jambe en-dehors, lever le regard, serrer le ventre, garder le dos droit - tout ça en même temps,  cerveau en ébullition.

Avoir très exactement 35 secondes à chaque fois pour retenir un enchaînement, sans modèle parfois.

Moi la maladroite, moi la furax, moi la rebelle, moi la lesbienne, moi la demigirl, moi la moins vouée à rentrer dans les ordres, comment diantre ai-je atterri là ?

Me demande-t-on souvent.

Pourquoi pas du contemporain, de l'oriental, de la zumba ?

Parce qu'à la passion, la séduction ou la force, j'ai préféré la grâce.

Cet état d'absolu qui ébahit l'univers.

Celui qui vous fait vous dire : elle a quelque chose mais c'est ineffable, c'est indicible. Elle est au-dessus. Elle est nietzschéenne.

Alors, je danse.

Enfin j'essaie.

Je chavire, je tremble, je tourne trop vite et je tombe.

Je fais pâle figure à côté de certaines pour qui la grâce est naturelle.

Même la prof, à qui il suffit de lever la main pour ébranler l'univers - son regard infini, son exigence épuisante.

Mais je danse.

J'apprends à maîtriser mon corps.

À l'aimer, à le sublimer, parce que si tu ne lui fais pas confiance, tu ne peux pas te lancer. Tu ne pourras jamais danser.

Presque un gros mot : aujourd'hui, bien que toujours vouée à déprimer, ce n'est plus à moi que j'en veux, c'est aux autres.

Parce que ce qu'il y a en moi est magnifique.

La danse classique, cette éthique de l'orgueil, presque christique.

Ce qui, de la mort, de la destruction, du néant, du rien, m'a sauvée.