Du virtuel à la réalité

isaa

Rencontre improbable d'une femme et d'un homme . Sensualité, érotisme caché derrière un écran. La réalité sera t-elle à la hauteur du virtuel.

Assise sur ce banc dans ce parc public, j'attends patiemment. J'attends le moment de la rencontre. Rencontre virtuelle qui va se transformer en une rencontre réelle.

Trois mois que je communique avec cet inconnu qui n'en est plus vraiment un, maintenant. Trois mois d'échanges où l'intimité et les envies de chacun n'ont plus trop de secret pour l'un et l'autre. Rencontre improbable de deux êtres que rien ne prédestinait à se rencontrer.
Un moment d'égarement, de curiosité m'avait fait aller sur ce site de dialogue. Envie de discuter avec quelqu'un qui ne me connaît pas, parler de soi, sans aucun tabou, tellement plus facile face à un inconnu.

Il a été le seul à répondre poliment, il a été le seul à me donner envie d'échanger. Une discussion s'engage alors où l'on se dévoile jusqu'à tard dans la nuit, avec respect.

Au fil des jours, j'attends ses mails, je guette le moment où nos conversations profondes ou légères m'emportent loin, très loin de ma petite vie. Je me libère, je m'ouvre à lui. Nos quinze ans de différence ne sont pas un frein, bien au contraire. J'ai trouvé une oreille attentive. Il sait s'y prendre pour me faire parler. Des sujets banals aux sujets plus profonds, la légèreté s'invite souvent dans nos courriels. Il suscite ma curiosité et je suscite la sienne.

Au fil des échanges, un ton plus intime s'instaure. Je me confie sans gêne sur mes envies de femmes. Il me répond par ses envies d'homme. Il n'a jamais été question que nous nous rencontrions. Fantasmer avec lui me plaît et me permet de lui tenir des propos différents que s'il était face à moi et de me comporter tout aussi différemment.

Nous n'avons jamais vu nos visages. Un soir, lors d'un de nos échanges quotidiens, nous nous sommes laissés aller à parler de nos fantasmes, un peu plus que d'habitude. De mails en mails, il m'a emmené sur un terrain qui m'excitait. Il suggère alors de brancher nos webcams mais de ne pas montrer nos visages, histoire de garder une forme de magie à notre relation virtuelle.
Je découvre son corps habillé en même temps qu'il voit le mien. Malgré son âge, je constate un corps entretenu. Il se fait plus charmeur avec moi.

Un jeu sexuel s'instaure tout naturellement entre nous. C'était une évidence, sans s'en parler nous savions sur quel terrain nous allions. Jamais, je ne me suis offerte à la vue d'un inconnu à travers le net. Mais est-il vraiment encore un inconnu ? Il connaît pratiquement toute ma vie.

Le jeu, ma foi tout simple, consiste à se poser des questions et à chaque mauvaise réponse, un vêtement s'envole. D'une grande banalité certes, mais j'avais envie de voir son corps, j'étais impatiente d'aller plus loin que nos écrits. Je cède donc à sa demande sans me forcer. L'idée d'être à moitié nue devant mon inconnu me procure un doux plaisir. Nous avions si souvent conversé sur le sexe, sur les expériences que l'on souhaitait tenter que tout me semble naturel.

Je ne sais pas où il trouve ses questions, mais je suis en soutien-gorge et string tandis qu'il a toujours son pantalon. Je ne suis nullement gênée de me montrer ainsi. J'aurais aimé voir son regard sur moi mais la règle est simple, nous ne montrons pas nos visages. Je réussis à lui faire ôter son pantalon.
Ses jambes sont longues et musclées. Son torse est également légèrement musclé. Il a un petit ventre sur lequel je me vois y déposer des baisers. Il a du mal à me faire retirer mon soutien-gorge, je réponds toujours juste. Lorsque j'ôte enfin celui-ci, je vois une bosse soulever son caleçon. Je l'excite donc. Il me complimente sur mes seins.

À la question suivante, je découvre son sexe. Il bande. Je me fais coquine et lui demande si je suis la cause de son état. Sa réponse positive me fait pointer de bonheur. Il est nu face à moi juste protégé par l'écran. L'envie de le toucher est forte mais l'impossibilité de le faire est, elle, bien réelle.
Lorsque le moment vient pour moi d'enlever mon string, il me demande de le faire doucement. Je me mets debout, je lui tourne le dos et, lentement, je fais glisser mon string. Je me penche un peu, il peut ainsi apercevoir mes lèvres. La chaleur qui envahit mon intimité montre mon plaisir à me donner ainsi en spectacle. Je me retourne doucement, cachant mon sexe. Je m'approche de la caméra. Sur l'écran, je vois mes doigts qui l'empêchent d'en voir plus. Je suis joueuse. Je veux l'exciter autant qu'il m'excite. Je fais glisser ma main lentement et, en gros plan, il me découvre. Mes lèvres luisantes trahissent mon état. Je le laisse m'admirer quelques minutes avant de me rasseoir.

La conversation prend une tournure plus sexuelle. C'était le but. Il veut voir chaque once de mon corps. Je balade la webcam sur moi au rythme de ses envies. Mon état d'excitation est tel que si un homme entrait chez moi, je lui sauterais dessus pour qu'il me calme. Mon inconnu me chauffe par ses propos, ses demandes. Tout mon corps est fébrile, dans une attente.

Il propose qu'au lieu d'écrire nous passions en conversation vidéo. Il veut entendre le son de ma voix. Sa voix est chaude, elle me subjugue littéralement. Il me demande de me reculer un peu, il veut voir mon corps en entier. Sous la douceur de sa voix, j'entreprends de me caresser. De caresses légères, il sait m'emmener à des caresses profondes. Je lui donne ce qu'il attend. Il m'inspire. Lorsqu'il entend ma respiration s'accélérer, il me dit : « Vas-y ma belle ! Allez, crie ton plaisir, je veux t'entendre. » Je beugle tant la situation me transporte. J'ai juste le temps de reprendre mes esprits que je vois sa semence couler. Je rêve de boire son jus, je lui en fais part. Il me répond : « Peut-être un jour ma belle ».

Nous continuons à dialoguer une petite heure en regardant notre nudité.
Les jours suivants, il nous arrive soit de dialoguer sans nous déshabiller soit d'être nu face à l'autre. Il me dirige alors et mon corps en plein plaisir est son cadeau. Les semaines passent ainsi avec mon amant virtuel. Nous n'avons toujours pas vu nos visages malgré notre intimité.

Un soir, je lui demande si nous pouvons enfin nous voir. Il répond : « Si tu veux voir mon visage alors ce ne sera pas à travers ton écran ». Je ne sais pas si j'ai envie de le voir dans le monde réel. J'aime cette magie que permet Internet. J'hésite vraiment à le rencontrer. Je suis un peu gênée de me montrer sans aucune barrière après tout ce que j'ai fait, protégée par mon écran.

Et me voilà aujourd'hui, assise sur ce banc à l'attendre. Il se fait attendre. Une envie de fuir me prend mais la curiosité de voir à quoi il ressemble est plus forte. Au fond de moi, l'envie de m'offrir à lui autrement que virtuellement est là, enfouie. Un rien la laissera transparaître.

Le son de sa voix chaude que j'aime tant, me fait me retourner. Il est là, derrière moi. Je le découvre enfin. Il me regarde, je le regarde. Plus un mot ne sort de nos bouches. Nous nous contemplons, nous découvrons nos visages. Il est ni beau ni laid. De là à dire que je me retournerais sur son passage, non. Mais je le connais si bien que je me fiche qu'il soit quelconque. L'important n'est pas dans son physique.

Il me prend la main, nous sommes muets. Il m'entraîne je ne sais où mais je le suis. Devant la porte d'un immeuble, il fait un code, pousse la porte et, toujours sans qu'une parole ne vienne briser notre silence, il me fait entrer chez lui. Il ferme la porte, s'approche de moi et m'embrasse comme si sa vie en dépendait. Je réponds avec la même force. J'ai envie de lui. Après m'être tant de fois offerte à lui virtuellement, je veux lui faire don de mon corps. Je veux sentir ses mains sur moi, sentir nos corps se toucher, je le veux tout simplement.

Il retire mon manteau, le pose sur une chaise. Me prend par la main et m'emmène dans sa chambre. Il s'assoit sur son lit et me demande de prendre la chaise et de me déshabiller comme si j'étais chez moi derrière mon ordinateur. À chacun de mes vêtements, il retire un des siens. Je suis nue face à lui, sans aucune barrière pour me protéger.

J'ai envie de me jeter sur sa queue que j'ai vue si souvent couler mais je n'en fais rien. Il m'a si souvent dirigé à travers Internet que j'attends qu'il le fasse dans la réalité. Je suis à lui, il le sait. Il se lève, me met également debout. Il se régale de ma nudité. Ses mains se posent sur moi, je frissonne. Il me fait asseoir sur le bord du lit et me tend sa hampe. Des semaines que la vision de cette queue dans ma bouche me hante.
Elle a exactement le goût que j'espérais. Je me régale. Il est prêt à exploser, je le sens à ses vibrations. Il veut se retirer, je lui interdis. Je veux le boire, avaler cette semence que j'ai vu si souvent couler derrière mon écran. Je déguste son jus.

Il me relève et m'embrasse. Il m'allonge, me demande une faveur. « Caresse-toi comme tu le fais si bien ». Je reproduis ces gestes tant de fois faits le soir, dans l'intimité de ma chambre. Il ne tient plus, se jette entre mes jambes et vient enfin poser sa bouche sur ma chatte. Je pousse un cri de joie tant j'ai souhaité cet instant. Il me fouille, me caresse. Je jouis non plus seule, mais à ses côtés. J'ai l'impression que nous avons fait ça tant de fois alors que nous ne l'avons jamais fait si proche l'un de l'autre.
De nos confidences, de nos caresses solitaires, nous avons tellement appris que nos gestes, nos baisers sont précis. Il m'enlace, m'embrasse, me masse, me touche, me caresse.

Je veux plus. Je veux que nos corps communient ensemble. Je n'en peux plus d'attendre. J'ai si souvent rêvé ce moment. Je lui dis : « Prends-moi maintenant ». Il sait la position qui m'emporte loin, je la lui ai dite, il n'a pas oublié. D'un coup, il me pénètre, me transporte. Il me lime, me pilonne. J'aime cette force qu'il y met. Mes seins se balancent tant il est énergique. Mon plaisir monte, je lui fais entendre. Je crie, j'hurle tant il me comble. Il me suit plus discrètement. Mes cris de bonheur étouffent les siens. Je m'écroule. La puissance de notre corps à corps si souvent imaginé m'a ôté toute force. Il me retourne et m'embrasse. Il me prend dans ses bras, je m'y blottis. Je suis bien, il ne m'a pas déçue. Il a su être à la hauteur de mes espoirs.

J'ai traversé le rideau virtuel pour que le rêve devienne réalité.

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