Paris, le 08 juillet (5)
ententecordiale
Où Miss Alice se remémore le baiser de l'hôpital et ce qui s'ensuivit, ainsi que l'invitation d'Augustin et ce qui s'ensuivra...
Déjà le 8 juillet.
Le séjour d'Alice s'étoffe. Elle n'est pas parvenue à se concentrer longtemps pour écrire un début de lettre à sa cousine restée à Bristol. Celle-ci trouverait à coup sûr que Paris avait aggravé son côté rêveur.
Elle se rappela le baiser donné à Henri, le cycliste de l'hôpital, le jour de l'accident. Le monologue de celui-ci l'avait conduite à poser la bouche sur son front. Qui avait un goût de poivre. Une lointaine note de muscade peut-être. Elle rejeta d'un coup de tête la mèche de cheveux qui lui chatouillait les cils. Elle ne voulait pas penser plus à son geste, spontané et tendre.
Trois secondes et le peignoir blanc de l'hôtel tomba, bruissant sur ses cuisses. Trois minutes et ses yeux, ayant balayé la penderie de part et d'autre, se posèrent sur la robe à fleurs. Puis le léger ton corail des chaussures, assorti à la robe. Dans le tiroir, le velouté d'une culotte la comblerait d'une sensation de paradis à même la peau.
Les vêtements gisaient maintenant orphelins sur le lit. L'air déjà étouffant lui donna suffisamment raison de vouloir prolonger cet état de nudité.
Elle se rappela le coup de fil passé. Elle aimait son prénom un peu suranné, Augustin. Rien de mal ne semblait pouvoir sortir d'un prénom pareil. Sa voix profonde. L'écouteur à l'oreille, la musicienne déguste la prononciation de son interlocuteur, doté d' une certaine lenteur, non dénuée de fluidité. Cette voix lui rappelle la silhouette qui lui est associée, elle ressent la densité de son corps sous la chemise d'été, elle l'imagine lui susurrant des mots crus très près et ses yeux se ferment de volupté. La phrase qu'Augustin vient de dire au téléphone n'a déjà plus de sens. Elle se le représente déjà l'entourant de ses bras. Elle repose sa nuque dessus. Son centre de gravité s'altère et ses hanches se balancent légèrement vers les siennes. Elle goûte l'impact de sa chair tendue vers la sienne. Il lui caresse la naissance des fesses, le nombril. Une perle de sueur court entre ses omoplates et se détache.
- Justement oui... j'aimerais beaucoup faire le Paris secret à pied avec vous, mais je crains, ce ne sera pas possible aujourd'hui. Je vais voir un... ami, à l'hôpital. Il a eu un accident.
- Ah, j'espère que ce n'est pas grave au moins ? Ah, à vrai dire, je suis déçu ! Je croyais vous revoir…
- Mais nous pourrions peut-être nous voir le soir ? Il fait encore jour longtemps, et ce serait plus agréable, à la fraîche ?
- Oh, je vois que vous commencez à retenir quelques expressions françaises ma chère ! Vous progressez ! Ce soir, vous seriez disponible ?
- Oui, pouvez-vous s'il vous plaît dire où je dois me faire conduire ?
Il y avait cet ingrédient chez Augustin, une espèce de désinvolture qui décomplexait Alice de ses erreurs de syntaxe dans un Français mal assuré. Son œil perçait à jour qui elle était sans que les phrases échangées aient trop d'importance. Etre dans son regard et respirer. C'était irrésistible.
Son humeur rêveuse l'avait abandonnée. Elle verrait ce soir cet homme qui lui plaisait encore plus que la visite de la capitale. Elle s'élança vers les sous-vêtements, les enfila avec délice, papillonna entre la robe et les chaussures, et se dirigea vers la coiffeuse, le sourire imprimé et fendu de fossette à fossette, les doigts déjà serrés autour du manche en écaille de la brosse…elle se figura ses larges mains gravir ses deux seins moites et palper ses aréoles, puis lentement glisser vers sa toison et outrepasser l'élastique de la culotte,… sa main à elle osa s'aventurer derrière à l'aveuglette, caressant ce passage étroit et humide sous les bijoux de famille…
Le miroir de la coiffeuse lui renvoya un reflet aux joues rosées. Elle ne se reconnaissait pas. Où était passée cette candeur proverbiale dont tous l'affublaient ? En vingt-quatre heures, elle croyait voir les heures se dédoubler, décupler, elle soupirait pour un rien, sentait poindre un fou rire inaudible en elle, et puis, elle respirait, pleinement, et se plaisait à suivre le soulèvement heureux de sa poitrine. Ah, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il lui faudrait faire pour atteindre le soir et ce rendez-vous qui l'impatientait déjà tant !
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Paris, 8th of July
Dear Amanda,
I hope my letter reaches you before you go and catch the ferry ; I hope you remember we'll rendezvous in Paris, in three days time now, Friday at five, in front of the théâtre du Châtelet. Don't be late and get ready for teatime, dear !
I have to tell you about my encountering Augustin in Paris ; he's the Frenchman I wrote about in my first letter ; the one who invited me on a secret Paris Tour. Now dear, don't be impatient, let me get the better of myself back and put some order in my somewhat hustled ideas ; so let me tell you all about it...because there is a second man I didn't tell you about, I didn't wan't to alarm you, sweety ! It all started three days ago, I was walking round, trying to set some landmarks in my foreigner's mind, when a cyclist just in front of me got hit by this delivery van...
Oh, but little does Alice concentrate today ; she was always a bit of a daydreamer . Discovering Paris had rather emphasized that aspect of her personality lately. Well that's what her cousin would surely say. She remembers her kissing Henri, the taste of his skin, reminding her of pepper, with a remote fragrance of nutmeg…She tosses her hair ending its tickling her eyelashes. She doesn't wish to think about her gesture, merely spontaneous and tender.
Her letter to cousin Amanda may very well have been left on the hotel desktop, desperately waiting to be filled with Alice's secrets.
Three seconds to let the hotel's white dressing gown slide down onto the floor with a woosh! three minutes more to let her eyes brush sideways, glancing at a dress, then another. Choosing that flowery one, looking then for the shoes with a slightly coral red to match the dress. Grabbing from a drawer a pair of knickers, the velvet touch of which will feel like bliss on her skin. The garments still lie on the bed, pure orphans, her thoughts are still distracting her, she remembers that early phonecall she made, and lingers on in full nakedness. The air, stuffy already, gives her reason enough to be reluctant to clothe herself.
Augustin's voice on the phone is deep and manly. The musician listens to the French words, pronounced slowly and fluid. She likes his name, slightly old-fashioned. What harm could come out of a name like that ? She can imagine him, she feels the density of his body under the summer shirt. She hears him whispering crude words very close to her ear and her eyes close with voluptuousness.
The sentence he has just said on the phone already lies in forgetfulness and makes no further sense. She is already picturing herself surrounded by his arms. She rests her neck there. Gravity intervenes with a slight change and her hips are gently swaying towards his. She appreciates the impact of his firm flesh on hers. His hands stroking the beginning of her buttock, her navel… a pearl of sweat runs down in between her shoulderblades and leaves her.
- Justement oui... j'aimerais beaucoup faire le Paris secret à pied avec vous, mais je crains, ce ne sera pas possible aujourd'hui. Je vais voir un... ami, à l'hôpital. Il a eu un accident.
- Ah, j'espère que ce n'est pas grave au moins ? Ah, à vrai dire, je suis déçu ! Je croyais vous revoir…
- Mais nous pourrions peut-être nous voir le soir ? Il fait encore jour longtemps, et ce serait plus agréable, à la fraîche ?
- Oh, je vois que vous commencez à retenir quelques expressions françaises ma chère ! Vous progressez ! Ce soir, vous seriez disponible ?
- Oui, pouvez-vous s'il vous plaît dire où je dois me faire conduire ?
In Augustin lied this ingredient, this sort of casualness which rid Alice of all complexes concerning her syntaxic errors in French. His eyes would pierce through her and see who she was without any of the exchanged sentences mattering too much. To be in his glance and breathe. This was irresistible.
After the phonecall, her dreamy mood left her. Tonight, she would see that man she liked, even more than visiting the French capital. She flung herself into her underwear with delight and flitted from her dress to her shoes, and with as much joyfulness, headed towards the dressing table, a smile printed on her face and split across it from dimple to dimple. Her fingers tightened already around the handle of a tortoiseshell brush. She figured his large hands ascending her moist breasts and feeling their way to her nipples, then slowly slipping down to her fleece and trespassing the elastic of her knickers. Her own hand now dared to venture itself behind her, stroking that narrow and damp passageway under the family jewels...
The dressing table's mirror showed her a reflection with rosy cheeks. She did not recognize herself. Where on earth had that proverbial candor of hers everybody kept talking about disappeared to ? In twenty-four hours, she thought she could see hours double, decuplate, she would sigh for nothing, then would feel a hearty laugh starting to gather inside, one of those laughs that would be impossible to restrain, once you let it out. She could feel her breath happily lifting her bosom.
She hadn't the faintest idea of how she would be able to wait for the evening rendez-vous that was exciting her already so much !
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oh ! la coquine ! j'ai suivi dès le début, j'ai aimé et voté !
· Il y a environ 9 ans ·remets le sur la table et finis le ce roman! et pensées amies et et bon vent ;)))
julia-rolin
oh merci pour les coups de cœur...pour trouver du cœur à l'ouvrage !
· Il y a environ 9 ans ·ententecordiale
;))))) ♥!
· Il y a environ 9 ans ·julia-rolin
Version un peu plus torride :) !! a voté !!
· Il y a plus de 9 ans ·marielesmots
Merci beaucoup !
· Il y a plus de 9 ans ·ententecordiale
je découvre,,,et moi aussi j'imagine ;-)
· Il y a plus de 9 ans ·Patrick Gonzalez
Ah, ces Français et leur imagination débordante !
· Il y a plus de 9 ans ·fionavanessa
Impossible n'étant pas français, nous pouvons tout imaginer !
· Il y a plus de 9 ans ·Aurélien Loste
Ah, ces Anglaises et leurs humeurs !
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu