D'un brin de satin

Cette histoire est irréelle. Elle prend forme et nous tient face à face dans la pénombre. Un brin d'orgueil dévoile nos desseins. Ne me dis pas que tu me crains. Je ne suis fait que de craie. Brise-moi, tu en as l'opportunité ! Entends la voix de tes entrailles et fais craqueler mon visage. Je ne tiens plus, je tomberai, tu le sais. Toi, le si joli minois d'or, ne me fais pas honte. Tu dégoulines de sueur, celle que tu essuies après chaque affrontement pour te laver de tout soupçon. Ces yeux qui me dévisagent ont beau briller dans l'obscurité, ils ne me trompent pas. Ton regard irradie pour ne pas être oublié, pour ne pas fuir devant l'argent et le bronze. Leur aspect est luisant et si pur … ce ne sont que des apparences.

Près de toi, je veux rester ferme. Nos essences se mélangent et laissent planer un parfum de solitude. Je construirai un écrin pour le renfermer. La poudre composant mes traits s'envole, les petits grains de craie s'étalent sur le sol. Tu crois que je pleure ? Non, c'est mon visage qui se tord, qui s'affole, il fond. Je ne baignerai jamais dans ton monde, on ne me construira jamais d'idole. Je ne suis qu'un messager éphémère, celui qui verse ses larmes pour se faire homme. J'essuie le sol de craie. J'étreins l'essence pour qu'elle devienne femme. Et je vais disparaître….

Vite, qu'on en finisse, tu m'aurais même à l'usure. Je suis usé, je me sens exténué. Dans un dernier souffle, j'exprimerai mon dernier regret. Le satin m'aurait tant allé au teint.