Ferme tes yeux, Imagine que je suis là

ally-b

Une histoire virtuelle mais bien réelle.

Personne ne s'y attend vraiment. 

Lorsqu'on part comme ça en quête de simples échanges… pour tuer le temps, pour ajouter un peu de couleurs à un quotidien enfermé, on ne s'y attend pas vraiment. On y va « juste comme ça ». 

 

Personne ne s'y attend vraiment.

C'est facile cette distance, ce détachement… Ça a même un côté romantique, vouloir se voir mais sans le pouvoir.

 

Personne ne s'y attend vraiment. Et pourtant. 

C'est arrivé, un peu tous les jours, un peu plus souvent, un peu plus mignonnement, bercé par des petites touches romantiques, ponctué de sourires raccords, de partages en tout genre. Puis très vite cette sensation de ne pas être seuls, que si on ferme les yeux, on est deux, vraiment. Quand tout se met à sonner de la même façon, avec les mêmes intonations, au même rythme, quand personne ne s'y attendait, mais que tout est là.

 

Personne ne s'y attend vraiment. Et pourtant. 

Quand d'autres partagent pour une première fois, un tête à tête, un ciné, une ballade, nous on partage une liste de choses à faire à deux. L'important ce n'est pas juste de l'avoir en commun mais qu'elle nous appartienne, physiquement, à tous les deux. Les envies s'y dessinent avec des trucs à se montrer absolument, avec des endroits à découvrir ensemble.  

 

Les « moi aussi » fusent, et c'est bon. 

C'est un peu comme se connaître déjà.

C'est un peu comme si nous allions nous retrouver plutôt que se rencontrer. 

 

Personne ne s'y attend vraiment. Et pourtant. 

Les baisers qui s'envolent, les papillons d'abord, puis à leur tour les étoiles. Faut voir ça, ça vaut le coup d'œil !

« C'est parfait », on dit souvent. Les nuits virtuelles, pourtant bien réelles. Les réveils ensemble ou presque. 

On fait comme on peut, tous les jours, on improvise pour qu'aucun d'eux ne se ressemblent. 

 

On est doués. 

On ne cesse de fermer les yeux pour mieux se voir, pour mieux se sentir. 

On est presque sûrs que rien ne sera différent. Presque.

 

Personne ne s'y attend vraiment. Justement. 

Justement parce qu'on sait quand même qu'il manque un ingrédient essentiel à tout ça. Se voir pour savoir. Savoir pour de vrai. Savoir si on ne fait pas n'importe quoi en fermant les yeux trop souvent. Savoir si on ne va se prendre le mur à ne regarder que dans notre bulle. « C'est bien parti, c'est un bon début »  on continue à se dire. Mais on s'interroge un peu plus, à tour de rôle. Parfois même ça prend la place des baisers et des câlins.

 

Personne ne s'y attend vraiment. 

Mais évidemment, en ayant volé si haut, si vite, on ne peut que redescendre. Le carburant s'épuise, on peine à rester à une telle altitude…

La maintenir devient si peu naturel. Quand l'un essaye, l'autre se repose. La synchronicité semble faire défaut, là où hier elle était sans faille. 

« C'est normal, c'est sain », on se raisonne. Mais depuis quand le raisonnement fait irruption dans notre bulle? 

 

On a fait la moitié du chemin main dans la main. 

Et bientôt on n'arrive même plus à faire 100 mètres l'un à côté de l'autre.

 

Je ne m'y attendais pas vraiment. Et pourtant.

Pendant cette période complexe, au milieu des incertitudes du monde, j'ai trouvé un partenaire avec qui rire, un allié avec qui partager, un confident à qui parler, un amant à embrasser, une âme sage et bienveillante qui veille et rassure pendant les jours d'orage.

 

Je ne m'y attendais pas vraiment. 

Mais je le savais au fond et je me rappelle maintenant…que oui, à voler si haut, on ne peut que redescendre. 

 

Pas étonnant.

 

On ne s'y attendait pas vraiment. Mais évidemment.

C'est la chose la plus banale au monde, que de retirer ses lunettes, que d'enlever les filtres…

Quand d'ordinaire, les gens mettent d'autres couleurs, ajoutent d'autres sensations ;

Quand d'ordinaire, comme tu l'as dit, ils mettent un visage sur un prénom et peuvent se toucher ;  nous, nous ne pouvons que fermer les yeux, et attendre, encore.

 

On ne s'y attendait pas vraiment. Mais pourtant.

Les pistes que l'on avait sur l'autre s'écroulent, les images édulcorées s'assombrissent. 

Elles prennent du relief, de la profondeur, du challenge, de l'importance, de la réalité. 

 

Intéressant pourtant. 

Mais sans doute trop déstabilisant.

 

On ne s'y attendait pas vraiment. Et pourtant, on dégringole. Très vite. On se parle durement, on se blesse et on perd notre capacité à s'apaiser ensemble. Comme si les attentes, comme si se voir pour savoir, avaient pris toute la place. La place des baisers et de la tendresse, celle de l'indulgence et de la complicité. La place de la confiance.

 

On ne s'y attendait pas vraiment. Et pourtant.

Tout s'est arrêté. Stop. Net. La tête a eu raison du cœur. 

 

J'ai souri, tous les jours, à quelqu'un que je ne connaissais pas, mais que je connaissais pourtant, j'ai imaginé comment ça serait de pouvoir enfin le serrer dans mes bras… Je savais qu'il nous faudrait de la patience. Je t'avais dit « on en a au moins jusqu'au 20 avril et je pense que tu peux ajouter 10 jours de plus », ça nous paraissait loin, et ça l'a été.

 

Le bonheur avait été là, sur le chemin qui menait à l'après.

On le savait. 

On s'était même dit que quelque soit le goût de l'arrivée, cette histoire était déjà belle…

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