Ecouter.
ellis
Septembre 2008. Stockholm. Quelque chose avait dû commencer dans l'avion. Quelque chose avait dû germer en moi, comme une tache, une petite tumeur bien laide qui, sans que j'en aie encore conscience, faisait pencher mon regard. Et me donnait envie de m'enfuir. Une petite envie au début, juste un agacement. Puis ça s'est soulevé dedans. Vague sourde et terrifiante. Asphyxie. L'avion. Puis l'arrivée. Le métro. Une colère, une culpabilité. Marcher ici et ne pas parvenir à profiter. Marcher ici et être submergée par ce doute dégueulasse que je reconnais. Quand il me tient la main, je voudrais cesser de réfléchir. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Il y a quatre heures, nous étions dans un aéroport à rire, et il n'y avait rien. Pas un nuage. Pas une question. Et nous sommes ici. Et je déteste être ailleurs avec lui. Je déteste être dans cette ville avec lui. Je voudrais ressentir de l'excitation, de la joie, de l'ivresse, de la liberté. Mais je suis seulement paralysée par cette prise de conscience insidieuse. Les quelques jours qui passent ne calment pas l'affaire. Je suis lointaine, pénible, froide. Et je m'en veux.
Je me souviens, d'une photo qu'il a prise de moi au milieu d'une rue pleine de monde. Je me souviens de mon regard et je le déteste. J'ai gardé au ventre une curieuse et persistante sensation de nausée mêlée d'une peur panique. Je ne voulais pas m'être trompée. Je ne pouvais pas m'être trompée. Ca vous fait comme un son très aigu, un cri perçant qui vous scie la tête, et descend tout droit fouiller dans l'estomac. Tes tripes. Elles sont où, putain, tes tripes ? Tu sens quoi ? L'amour, tu dois le sentir. Allez, fais un effort. Qu'est-ce que tu sens ? Rien. Tyrannisée. J'ai attendu. Le retour. J'ai tenté de me dire que c'était normal au bout d'un temps, de douter. J'ai bercé ma peur. J'ai muselé le doute. Et le drame, c'est que c'est passé.
Septembre 2008. Quelque chose a cessé ce jour-là dans un avion. Quelque chose a hurlé pour que je l'écoute mais j'étais une fille peureuse, et entêtée.
Je voudrais revoir Södermalm. Maintenant.
désolé, j'ai raté la sortie de celui-là...
· Il y a plus de 9 ans ·belle description. belle mais sombre. (à ta "décharge", faut toutefois reconnaître qu'il est super délicat de mettre l'exacte lumière qd on décrit ce genre de points d'inflexion sur lesquels buttent parfois nos amours...
;-)
wic
et moi qui t'avais promis un texte lumineux... je t'en dois deux ;)
· Il y a plus de 9 ans ·ellis
C'est très beau, triste mais bô !
· Il y a plus de 9 ans ·mamzelle-plume