Ecrits Vains, Largo de Senespo: Des pressions...

Jaime De Sousa

Bref...

Depuis Février, plus rien, plus une seule ligne... Pas même le début d'une seule phrase ou d'un pronom personnel... Le néant...

L'idée d'écrire m'ennuyait... Mieux, l 'idée d'avoir une idée m'ennuyait...

J'étais face à un désert de page blanche...

Heureusement, j'avais une boussole... Mélanie... Ma confidente dans la vie et sur le lit...

Pas une petite amie, non; notre relation allait bien au-delà d'une simple liaison amoureuse dont pour le moment, je ne ne voulais plus... Mon esprit devait rester libre et je m'étais fait à ma condition de vagabond sentimental.

Mélanie, je l'avais rencontré l'Hiver dernier, lorsque pour la première fois de ma courte existence, mon traditionnel Spleen Hivernal s'était muée en dépression nerveuse.

Un sentiment, tapie au fond de moi depuis toujours, que j'avais réussi à contenir jusqu'à présent par une suractivité quotidienne m'empêchant ainsi d'y réfléchir, avait décidé d'apparaître au grand jour; d'ailleurs l'Écriture aurait du mettre un point final à cette angoisse enfouie.

Mais ce fut l'inverse qui se produisit...

L'écriture, de par la solitude qu'elle avait engendré, m'avait mis face à moi-même durant ses longues journée de procrastination passées derrière mon écran. J'avais eu ainsi de longs entretiens introspectif avec mon mal-être que j'avais surnommé le «Horla» et la conclusion de ces «conversations» m'apparut alors effrayante... L

La vie m'ennuyait et rien ne m'avait jamais vraiment transcendé...

Toutes ces années, j'avais fais semblant d'être heureux, de jouir de la vie... J'étais celui que mes proches voulaient que je sois... Dur...

Mélanie avait compris tout ça, et le plus important, elle me comprenait et acceptait ce que j'étais; à savoir un sac d'angoisses et de mélancolie. Telle était ma vraie personnalité, qu'en présence des autres, de mes proches, de mes amis, je m'efforçais de cacher par une certaine exubérance et une confiance en moi feinte. Je devais rester conforme à l'image qu'ils s'étaient faite de moi.

Mélanie s'était fixé pour objectif de me libérer et de desserrer les cordons du sac pour que mes émotions se déversent, sans me juger, sans émettre une seule critique... Pour que je devienne Moi... Que je m'accepte...

Mais cette nouvelle naissance avait tout remis en question, et je n'étais plus sûr de vouloir écrire. Je devais arrêter de rêver, car m'imaginer écrivain faisait parti de ces fantasmes qui me permettait de survivre à l'ennui que me procurait la Vie.

Mélanie ne l'entendait pas de cette oreille...

«Poses-toi de bonnes questions, Largo... Tu verras , tu seras amené à y répondre, et tu le feras par le biais de l'écriture...» m'avait-elle dit un soir.

Que je me pose des questions... Mais je ne faisais que ça de m'en poser! J'étais, je suis, et serai jusqu'à la fin de ma vie un trivial pursuit Spécial Existentialisme...

Mais je ne savais pas comment l'exprimer, c'était ce qui me minait le plus... Avoir tellement de choses à raconter, et ne pas savoir comment le faire...

Alors oui, depuis peu j'affichais plus ou moins ouvertement certaines prétentions d'ordre littéraire, je lisais les classiques pour me forger une éducation, je me documentais sur la façon dont travaillaient les écrivains, je disais à qui voulaient m'entendre sur quels projets je ne travaillais pas actuellement...

Paroles, belles paroles... Peu d'actions... J'étais fait pour la politique...

Mélanie n'en démordait pas.

Une page par jour... Dix minutes d'écriture... Dix lignes de rédaction... N'importe quoi du moment que j'écrivais et que je ne laissais pas l'anxiété qui me caractérisait paralyser mes tentatives d'écritures...

Je devais essayer...

Je dois essayer...

Alors ce matin, je décide de passer à l'action.

Je prends mon stylo, un bloc-note et m'enferme dans un bar... Je me concentre... Laisse le Horla parler dans le vide... Mon égocentrisme fait le travail... Les mots sortent... «Je» à chaque page... et moi, et moi, et moi...

Je ne forcerai personne à me lire, et puis de toute façon personne ne se forcera à me lire... La plupart du temps je finis dans le «Courrier Non-Lu» de mes amis... C'est sans importance désormais...

Que ce soit bon ou mauvais, qu'on me lise ou pas, l'essentiel est là... J'ai écris... Et je l'ai fait pour moi.

Et moi, et moi, et moi...

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