EL HOMBRE
sistaj
Comment imaginer qu’une simple aventure se transformerait en obsession ? A toute heure du jour et de la nuit, je n’avais de cesse de penser à lui. Aucun sentiment amoureux ne devait naître de nos étreintes. Relation trop compliquée pour être dévoilée ! Vivre l’instant, le moment présent, savourer chaque rendez-vous sans se projeter. Un jeu d’enfant aux règles bien ficelées ! J’ai 30 ans et je suis adulte. La naïveté de la jeunesse m’a depuis longtemps quittée. Je lui donne l’air de ne rien prendre à cœur mais… il a pris le mien. Tout n’est que bonheur et volupté lorsque dans l’intimité nous nous offrons l’un à l’autre. Chaque mot dit est rempli de sincérité. J’apprécie cette complicité qui se crée aux grés de nos rencontres. Nous nous faisons des confidences, partageons nos passions. Equilibriste je suis, avançant à pas prudents sur ce fil invisible qui sépare les amants des « aimants ». En perdition spirituelle, je découvre la méditation, le bien-être simple, les croyances sans dogme. Je me surprends détendue, paisible et créatrice. Il m’émeut, m’équilibre, élève mon mental. Apprécier la rencontre tant que la raison guide les sentiments. Seulement la tendance s’inverse et je tergiverse quant à la finalité de cette relation. Elle se fera naturellement sans aucune rupture car il n’y avait pas d’histoire. Ou plutôt si. J’avais transformé cette relation officieuse en MA relation exclusive. La distance s’est imposée après ses aveux d’alchimie avec d’autres corps. Pourquoi cette sensation de trahison ? Aujourd’hui dés que je pense à lui, un bien être m’envahi. Comment ai-je pu passer à côté de cette simple réalité ? Il est cet Autre qui fait que je suis entière, celui que j’espère reconnaître dans chacune de mes rencontres, chacune de mes liaisons. Oserai-je lui avouer mon amour inconditionnel ? Fébrilement je saisis le téléphone et compose son numéro.« Allo ! » - Cette voix ! Je raccroche prise de panique. Que va-t-il penser ? Je sursaute lorsque mon portable se met à sonner. C’est lui ! Je décroche et m’excuse. Le réseau ! Il confirme. Il n’y en a pas beaucoup chez lui. (Ouf!) Nous décidons d’un rendez-vous. Je me mords les lèvres pour ne pas hurler ma joie. Je ne dors plus, je ne mange plus depuis cet appel. Les heures paraissent des jours. Il me hante quoi que je fasse. Je souris bêtement quoi que l’on me dise. Je ferme les yeux et son visage m’apparaît : son sourire rayonnant et sincère, son regard ténébreux, pénétrant et troublant, ses lèvres charnues, promesses de baisers torrides. El hombre !!! C’est le surnom que je lui ai donné. C’est celui que je lui susurrerai lorsqu’il me serrera dans ses bras. Je me gare devant le restaurant dans lequel il m'attend. Il est temps de rejoindre mon Prince Charmant. Attablé près d’une fenêtre, il sourit en m'apercevant. Je m’imaginais le cœur palpitant mais… rien. Pas de gorge serrée, pas de mains moites, pas de tête qui tourne. Discutons. Je souris bêtement, m’évadant peu à peu de cette conversation devenue monologue. Mes yeux ne peuvent se détacher de ce bouton qu’il a sur le front. Mais il est é-nor-me ! Et sa voix ! Est-il enrhumé ou a-t-il toujours parlé ainsi ? Je me concentre sur ses mots. Il m’envoûtait auparavant. Là tout est insignifiant. Des banalités qui durent, un repas qui perdure. Je regarde ma montre, distraite. Je refoule un bâillement par courtoisie. Vivement que ça se termine ! Ensorcelée j’étais, délivrée je suis. Ne jamais plus confondre obsession et fantasme.
BIEN VU
· Il y a plus de 14 ans ·Marcel Alalof