Elle.
Marguerite De Branchus
Comme un retour de grandes vacances quand tu avais 7 ans. Comme un soir de rentrée scolaire qui laisse un goût amer de fin d'été. Dés que tu ouvres la porte, elle est là.
Tu la respires, tu l'observes, tu la scannes du regard comme pour t'imbiber du moindre mouvement, comme pour ressentir un quelconque changement. Que tu la quittes un an, un mois ou une semaine, elle est toujours là. Elle a ce côté bienveillant qui traverse le temps, cette odeur rassurante qui transplante les saisons, cette lumière enveloppante qui apaise tous les maux.
Ce petit plus que les autres n'ont pas.
Complice, elle recueille tes grands doutes, referme tes petits secrets et dissimule tes gros chagrins depuis toujours. Surtout, elle conserve bien au chaud les frasques de joie, les éclats de rire et les tranches de vie qui restent gravés comme d'impérissables souvenirs. Fidèle, elle ne révèlera jamais tes trésors cachés. Décor d'indénombrables pièces de théâtre que tu t'es joué tout seul dans ta chambre, spectatrice d'interminables sermons que tu as supporté en plein milieu du salon, témoin des improbables cachettes, que tu as bâti au fond du jardin, surveillées par une armée de nains de jardin, observatrice silencieuse de tes peurs que tu as planqué courageusement au fond de ta couette…
Ta vie bouge. Tu changes un peu plus chaque jour. Dehors c'est la tempête. La vie te bouscule comme une tornade et c'est à cet instant que tu te rends compte d'une chose : elle est la seule. La seule qui ne change pas, l'unique qui reste impassible au fil des années. Tout se transforme doucement autour de toi. Tout sauf elle. Elle demeure paisible et solide.
Fiable et surtout indestructible.
Tu la reconnaitrais les yeux fermés parmi des dizaines, tu connais par coeur la moindre de ses aspérités, la moindre de ces failles : la petite écorchure dans la montée d'escaliers, le carreaux cassé au dessus de l'évier, le peinture écaillée prés de la porte d'entrée. C'est un peu l'âme de ton enfance qui reste figée entre ces quatre murs et qui malgré tout, te rassure. Un nouvel objet fait son apparition, un ancien donne sa démission : rien ne t'échappe car cette douce chaumière enracine un peu plus chaque jour le décor de ton enfance.
Une âme d'enfant, un cœur tendre et des murs éternels.
Joli texte, bravo !
· Il y a presque 9 ans ·julia-rolin
Merci beaucoup !
· Il y a presque 9 ans ·Marguerite De Branchus